17 décembre 2015

Louis Radius, son parcours, ses défis.

Les Championnats du monde d’athlétisme IPC se sont déroulés à Doha du 22 au 31 octobre 2015. Compétition cruciale dans la course à la qualification aux Jeux Paralympiques de Rio 2016, France Télévisions a consacré plusieurs heures quotidiennes de direct aux performances de haut vol des athlètes en situation de handicap.

Rencontre avec Louis Radius, médaillé d’argent et de bronze à Doha… et déjà en préparation pour les grandes échéances à venir…

Si tu devais te décrire en quelques mots ?
Je dirais que je suis quelqu’un de gentil, déterminé faisant preuve de beaucoup d’empathie.

 

Depuis quand pratiques-tu l’athlétisme ? Quand as-tu été sélectionné pour la première fois en Equipe de France ? Qu’est-ce que cela représente pour toi?
J’ai connu ma première sélection en 2006 à Assen (Hollande) et j’ai ensuite participé aux Jeux Paralympiques de Pékin. S’en est suivi les championnats d’Europe, du Monde et aujourd’hui le regard est tourné vers le Brésil. Cela fait 20 ans que je pratique l’athlétisme et j’ai la chance de pouvoir également courir avec les valides. C’est intéressant et riche de pouvoir pratiquer l’athlétisme dans ces deux univers.


Premières médailles internationales pour toi à Doha… Peux-tu nous parler de ta préparation  ?

Comme je le disais, j’ai l’habitude de m’entraîner avec les personnes valides. Je fais les championnats de France de la FF Athlétisme et je tire beaucoup de mon expérience pour m’aider dans les compétitions handisport. J’ai une préparation optimale avec mon entraîneur; je passe beaucoup de temps à analyser mes performances et celles de mes adversaires pour faire le point sur leurs forces et faiblesses et sur leurs comportements en dehors de la piste. Ensuite il y a la nutrition, l’entraînement, la musculation où je fais beaucoup d’efforts. Pour moi c’est un défi : les championnats du monde en étaient un et les Jeux Paralympiques en seront un supplémentaire !

 

Combien de temps passes-tu à l’entrainement chaque semaine ?
Je m’entraîne entre 7 à 9 fois par semaine et j’ai aussi 3 heures à prévoir pour le renforcement musculaire et la récupération. Pour le reste il ne faut pas réfléchir en termes d’heures mais en kilomètres parcourus, qui vont de 280 à 450 par mois !

 

France Télévisions a retransmis de nombreuses heures de direct à Doha. Cela t-a-t-il davantage porté dans la compétition ?
Ce que je peux dire, c’est que cela ne m’a mis aucune pression. C’est agréable de savoir que les courses sont retransmises. Cela nous permet de nous sentir exister et d’être suivi par nos proches. Par contre, revoir mes courses à la télévision m’a fait bizarre ! Je trouve vraiment bien que nos compétitions soient davantage médiatisées. Il faut que cela continue : en direct ou en replay, il faut que le handisport soit valorisé en France !

 

Comment gères-tu vie professionnelle, vie privée et ton statut de sportif de haut niveau ?
C’est une organisation de tous les instants ! Je travaille au Ministère chargé des sports et j’ai du temps pour mes entraînements car j’ai un directeur compréhensif, j’aime concilier les deux. Mes entraînements sont le matin ou l’après-midi car en tant que demi-fondeur j’aime bien avoir quelques heures où il fait jour, surtout l’hiver. Après c’est de l’organisation avec mon entourage, mes proches, c’est tout ça qui me permet aussi d’être performant !

 

Parle-nous de tes objectifs à court et moyen terme ?
A court terme, je vais préparer ma saison de championnats de France cross-country handi et valide puisque je concours deux fois dans la même journée. Ensuite il y aura les championnats de France et les championnats d’Europe IPC (j’ai un titre européen à défendre sur 1500m !) qui seront des étapes clés avant les Jeux de Rio.

 

Penses-tu déjà aux Jeux Paralympiques de Rio ?
A vrai dire j’y vais par étape. Là je suis présélectionné sportivement mais j’ai encore plusieurs démarches à effectuer. C’est bien entendu inclus dans ma préparation et c’est l’objectif de tout athlète, mais pour l’instant, je pense au France de cross. Comme je suis un compétiteur, l’objectif sera d’arriver sur la première marche à Rio. A Doha, c’est un Tunisien qui m’a battu sur 1500m à 17 centièmes; il a eu chaud et je lui ai dit « la prochaine fois, c’est moi qui serait devant ! ». Après Rio, il faudra repartir pour les championnats du Monde IPC qui se dérouleront dans le stade olympique de Londres en 2017. On verra ce que la suite me réserve, qui sait, il y aura peut-être une épreuve de Marathon pour les Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020…

 

Ton état d’esprit avant une course ?
Dans la chambre d’appel, je suis détendu et souriant. Je pense à la phrase de mon idole, Haile Gebreselassie* qui disait toujours : « ça ne reste que du sport, on ne joue pas notre vie, donc ça doit être un plaisir. » J’estime donc que l’athlétisme doit être un plaisir, on ne me verra jamais stresser en compétition.

 

* Coureur de fond éthiopien qui a remporté deux médailles d’or aux Jeux olympiques et huit aux championnats du monde d’athlétisme sur des distances allant du 1 500 mètres au 10 000 mètres.

 

 

RADIUS LouisBIOGRAPHIE

Age : 36 ans, né le 9 décembre 1979 à Suresnes
Club : ASHP Garches
Handicap : Paralysie cérébrale (catégorie T38)
Profession : Professeur de sport a la DDJS du 78
(Direction Départementale Jeunesse et Sport)

Palmarès
2015
Championnats du Monde
Médaille d’argent sur 1500m
Médaille de bronze sur 800m
2014
Championnats d’Europe
Médaille d’argent sur 1500m

 

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