26 juin 2019

EPYG 2019 : zoom sur l’équipe médicale !

À deux jours du début des compétitions, le travail est déjà bien amorcé. Rencontre avec l’équipe médicale des EPYG 2019…

Pouvez-vous tous vous présenter ?

CAP : Je m’appelle Constance Amelon-Petit, je suis médecin en Médecine Physique et de Réadaptation et médecin du sport, je travaille depuis quelques mois pour le Comité Paralympique et Sportif Français.

NH : Je suis Nadia Hadjali, je suis infirmière et je collabore avec le docteur Amelon-Petit depuis un certain temps maintenant, dans une structure de rééducation et d’appareillage.

BH : Je m’appelle Baptiste Hemeryck, je suis masseur-kinésithérapeute en libéral et depuis maintenant deux ans et demi, je suis l’un des kinés de la FF Handisport et notamment pour la commission natation.

SB : Je suis Stéphane Bozzolo, masseur-kinésithérapeute et je travaille au sein de la FF Handisport depuis 2013 et prioritairement en athlétisme.

EP : Je m’appelle Emilie Pelat, kinésithérapeute, je travaille avec la FF Sport Adapté depuis presque huit ans.

Pourquoi un dispositif médical aussi important ? Comment s’est fait la constitution de l’équipe ?

CAP : Nous avons 52 sportifs en lice sur les Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse. Il y a 6 disciplines représentées ici (para athlétisme, basket fauteuil, boccia, para judo, para natation, para tennis de table) issues de 3 fédérations (FF Judo, FF Handisport, FF Sport Adapté) et l’équipe s’est constituée en lien avec celles-ci. Des réunions de préparation se sont tenues avec les fédérations concernées afin de construire ensemble un dispositif médical efficace et complet.

En quoi votre équipe est-elle complémentaire ?

CAP : Les kinésithérapeutes sont là en premier lieu pour favoriser la récupération mais ils peuvent être aussi amenés à intervenir sur des lésions aigues. Notre équipe est complémentaire car s’il y a des soins techniques à prodiguer il nous faut absolument le support d’une infirmière.

Les approches et les connaissances sont différentes et nous avons déjà pu constater ici en Finlande qu’Emilie était précieuse à nos côtés, notamment en désamorçant des situations parfois complexes lors de la prise en charge en kiné d’un athlète avec un trouble psychique.

EP : Il y a une réelle complémentarité entre les kinésithérapeutes ; 2 sont issus de la FF Handisport et je travaille pour ma part pour la FF Sport adapté donc le travail est très différent car les pathologies sont multiples. C’est très enrichissant pour nous tous car eux m’apportent beaucoup sur des pathologies physiques auxquelles je suis rarement confrontée et à l’inverse je suis en soutien sur la gestion des athlètes présentant des troubles psychiques et mentaux.

BH : On sent une réelle complémentarité en termes de compétences ; on n’hésite pas à faire appel aux uns et aux autres car on a tous une sensibilité et une approche différente et il nous semble important de partager les avis.

SB : Cette complémentarité vient également du fait que nous sommes des professionnels issus de différentes fédérations mais au service du collectif. Nous sommes tous là pour accompagner et soigner les sportifs, quel que soit leur sport. Tout cela est une vraie richesse pour nous et on en apprend tous les jours !

Le médical sous-entend une logistique particulière. Pouvez-vous nous parler de cet aspect-là ?

SB : Effectivement, prodiguer des soins de qualité nécessite une logistique et un matériel conséquents. Par exemple sur cette compétition, nous sommes partis avec un certain nombre de consommables, notre mallette de soins, des tables de massage, un game ready.

BH : Il est également important de s’adapter aux conditions du lieu de stage ou de compétition.
On sait qu’un événement qui se tient dans un pays chaud et humide va jouer sur l’adaptation des soins, du matériel nécessaire. Pour vous donner un exemple concret, on a testé à l’occasion d’un déplacement à Melbourne la cryovestes pour faciliter les déplacements ou avant une compétition quand il fait très chaud et ainsi perdre le moins d’énergie possible. Cette adaptation a plutôt bien fonctionné et on réfléchit à réitérer en vue des Jeux Paralympiques de Tokyo.
Par ailleurs, cette logistique n’est pas simplement vraie in situ, il faut penser en amont les voyages, la logistique des transports, la prise en compte du handicap de l’athlète lors de son déplacement.

Les jeunes sportifs présents ici ne bénéficient pas tous d’un accompagnement médical et par des professionnels de santé au quotidien. Comme gérez-vous cette donnée ?

SB : Il y a un travail à faire au quotidien avec les jeunes pour leur apprendre à mieux se connaitre, à anticiper sur d’éventuels petits soucis et à ne pas attendre un problème plus complexe pour aller consulter un médecin ou un kinésithérapeute. Pour les athlètes que nous rencontrons sur les compétitions, qui n’ont pas été avisés au préalable, on essaie d’être vraiment dans l’accompagnement ; de leur expliquer l’intérêt de la kinésithérapie mais surtout à quel moment en faire usage.

BH : Les jeunes doivent connaître leur corps et il est de notre rôle de leur transmettre des messages, parfois très simples, qui attraient à l’hydratation, la nutrition, le sommeil ; des petits conseils à appliquer tout au long de l’année pour se créer une routine, une bonne dynamique autour de la pratique sportive. Ces paramètres qui peuvent paraître anodins sont en fait décisifs pour la performance.

Vous êtes en contact sur cette compétition avec des athlètes qui ne vous connaissent pas forcément. Comment les mettez-vous en confiance ?

CAP : En premier lieu, la relation entre l’athlète et le médecin ne sera pas la même qu’avec une infirmière ou un kinésithérapeute car les soins ne sont pas les mêmes. En tant que médecin, je veux être très à l’écoute de la personne que j’ai en face de moi et de faire au mieux pour apporter une solution : que ce soit par le biais d’un soin ou tout simplement grâce à un échange.

BH : La confiance se créée bien souvent simplement par le dialogue (même si l’on sait que celle-ci s’acquiert avec le temps) ; il faut mettre les sportifs à l’aise tout de suite car il ne faut pas oublier qu’on entre dans une sphère presque intime, qui relève du physique; de la personne.

SB : Par ailleurs, le fait que l’on soit trois kinésithérapeutes nous permet aussi de réorienter un sportif si l’on sent que le contact ne s’établit pas et qu’il y a un malaise.

EP : De même, avoir une équipe mixte est aussi une force car certains sportifs se sentent plus à l’aise s’ils sont pris en charge par un homme ou une femme, d’autant plus sur un public jeunes ! Et il est de notre devoir de capter cette donnée assez rapidement pour les orienter vers la bonne personne.

NH : Depuis notre arrivée en Finlande, je n’ai pas ressenti d’appréhension particulière chez les jeunes. Il n’y a pas de notice d’utilisation ni de vérité générale mais je pense que la communication y fait beaucoup. Parler, être attentif, expliquer, rassurer sont les maitre-mots. Je pense que sur ce genre d’évènements, la clé réside également sur les relations tissées hors des temps de soins : partager un repas par exemple permet de briser les glaces et de faciliter les échanges.

Votre relation avec les entraîneurs ?

BH : Elle est essentielle ! Nous devons être en lien permanent avec les entraîneurs, les techniciens. Nos rapports ne se limitent pas à l’athlète mais au contraire, nous sommes là pour faire passer des messages aux encadrants, à rassurer, alerter, prévenir et parfois prendre des décisions pour le bien de l’athlète.

Crédit photo : G MIRAND / CPSF