Cécile Hernandez, exigence et force de caractère !
Médaillée d’argent aux Jeux Paralympiques de Sotchi et multi-médaillée sur le circuit international, rencontre avec Cécile Hernandez, snowboardeuse à la volonté de fer !
Si tu devais te décrire en quelques mots ?
Je suis une passionnée de sport depuis toute petite et plus particulièrement des sports extrêmes. J’ai un caractère bien trempé qui me permet de faire face aux up and down de mon handicap. Je suis volontaire et exigeante avec une rage de vivre no limit.
Depuis quand pratiques tu le snowboard ?
J’ai pratiqué longtemps le snowboard sur le circuit national en valide puis suite au diagnostic de ma sclérose en plaques, j’ai tout arrêté. Dans un premier temps, mon état de santé ne me permettait pas de reprendre la pratique de ce sport extrême et je ne savais même pas qu’il était possible de faire du snowboard avec une sclérose en plaques.
Après 11 ans d’arrêt total, je suis remontée en 2013 sur un snowboard. J’avais des sensations complètement différentes. J’ai dû tout réapprendre. Aujourd’hui je travaille encore et surtout je progresse car au final je suis repartie de zéro et je refais donc du snowboard que depuis 3 ans.
Peux tu nous parler de ta préparation au quotidien, combien d’entrainement fais-tu par semaine, les périodes de l’année les plus intenses et les périodes de repos ?
Depuis fin novembre, je m’entraîne absolument tous les jours. Musculation et pilates le matin, snowboard l’après-midi. C’est un rythme très intensif mais il faut ce qu’il faut. Au final, il n’y a pas vraiment de break snowboard dans l’année. Je ride jusqu’en avril et on reprend les stages avec l’Équipe de France au mois de juin. La période de repos et de déconnexion totale est le mois de mai… Mais personnellement c’est le mois du nettoyage de printemps donc pas de tout repos.
Sinon le reste de l’année je conjugue toujours préparation physique et snowboard. Je ne prends absolument pas ça comme une corvée mais comme une vraie chance. Jamais je n’aurais cru vivre tout ça.
Peux-tu nous expliquer les adaptations du snowboard au para-snowboard ?
En ce qui concerne mon handicap, il n’y a pas d’adaptation spécifique mais plus des compensations physiologiques et techniques. Je dois travailler différentes postures pour essayer de trouver des solutions aux limites que m’impose mon handicap.
Mes entraînements sont aussi adaptés surtout lorsque je m’entraine seule avec mon coach quand nous sommes en Équipe, je dois m’adapter au handicap des autres. Il n’est d’ailleurs toujours pas simple de faire comprendre aux co-équipiers ce qu’est le handicap invisible.
En ce qui concerne le snowboard en général, en compétitions, le para-snowboard se divise en catégories membres supérieurs (Tibia/Fémur) et membres supérieurs. Les prothèses dont sont équipées les athlètes sont de plus en plus évoluées et permettent de livrer de belles performances. Le niveau a sacrément progressé.
Quand as-tu été sélectionnée pour la première fois en Équipe de France ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
J’ai été sélectionnée pour la première fois, le 11 février 2014 soit 1 mois avant les Jeux de Sotchi. Cela représente un grand bonheur et une grand fierté, porter le drapeau bleu blanc rouge sur le cœur est le graal dans une vie d’athlète, un moteur pour aller faire retentir La Marseillaise que j’ai souvent du mal à chanter, j’ai l’impression que si j’ouvre la bouche, je fonds en larmes. Il va falloir que je bosse là-dessus aussi, nous confie-telle en riant !
Comment gères-tu ta vie professionnelle, privée et ton statut de sportive de haut niveau ?
J’ai plusieurs facettes dans ma vie professionnelle. J’étais journaliste spécialiste du handisport avant les Jeux de Sotchi. Ensuite j’ai eu la chance de signer une CIP chez Malakoff Médéric. Cela me permettait de m’entraîner et de rester en lien avec ma vie professionnelle mais depuis fin novembre j’ai tout arrêté pour me concentrer à 100 % aux prochaines grandes échéances. Mon handicap m’impose beaucoup de récupération et d’entraînement. Du coup, j’ai fait ce choix pour mettre toutes les chances de mon côté, je reste en lien avec Malakoff Médéric puisque je fais partie du athlète du Team MM (Team 100% handi).
Ma vie privée, c’est surtout ma vie de maman. J’ai la chance d’avoir une petite fille très intelligente qui comprend qu’elle ne peut pas voir sa maman aussi souvent qu’elle le voudrait. Entre mes déplacements et mes entraînements, je suis souvent absente. Même à distance, je fais tout pour être présente, les Smartphones, ça a du bon parfois… Je fais des sacrifices mais quand nous sommes ensemble et le bonheur absolu. Mon statut de sportive de haut niveau, je vis cela comme une formidable aventure, une vraie et belle revanche sur ma sclérose en plaques. Une nouvelle vie a débuté pour moi lorsque j’ai été sélectionnée en Equipe de France. Je n’aurais jamais vécu cette expérience dans le sport valide. Je suis fière d’avoir renoué avec le haut niveau dans le handisport. C’est une vraie chance.
Dans quel état d’esprit es-tu juste avant le début d’une course ?
Je trouve que je le vis différemment que l’année dernière pour la coupe du Monde. Je n’égrène pas le compte à rebours, ce qui me rend plus sereine. Aujourd’hui je suis surtout concentrée sur mes entrainements.
Quel est ton meilleur souvenir lors d’une compétition ?
Ohlalala il y en a pas mal. Mon petit podium souvenirs :
1 – Ma médaille aux Jeux
2 – Ma première Marseillaise aux Championnats du Monde
3 – La présence de ma fille Victoire-Eléonore lors de ces Championnats du Monde à La Molina. Cela faisait une semaine que j’étais malade avec de la fièvre, j’avais été hospitalisée. Je n’étais pas sûre de pouvoir assurer la course. Mais ma fille est venue avec mon papa et dès que je l’ai vue, Miracle ! J’étais surboostée et je suis allée chercher le titre mondial.
Biographie de Cécile Hernandez
Âge > 41 ans
Née le 19/06/1974 à Perpignan
Club > Les Angles (Pyrénées-Orientales)
Catégorie de handicap : SB-LL – Debout / handicap membre inférieur
Palmarès International
Jeux Paralympiques
Médaille d’Argent – Sotchi 2014
Championnats du Monde
Médaille d’Or – La Molina 2014
Médaille d’Argent – La Molina 2014
1 au 8 février 2017 > La station canadienne de Big White accueille le Championnat du Monde de para-snowboard
- 80 athlètes dont 2 français
- 25 pays représentés
- 2 épreuves
© B-Loyseau / G-Picout