Une nouvelle étude confirme que les PSH qui vivent à domicile pratiquent trop peu d’activités physiques et sportives
L'Observatoire National de l'Activité Physique et de la Sédentarité (ONAPS) et la Fédération Nationale des Observatoires Régionaux de la Santé (FNORS) ont réalisé une enquête nationale sur la pratique d'activité physique et sportive et la sédentarité des personnes en situation de handicap vivant hors établissements ou services médico-sociaux en France. Le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, l'Agence Nationale du Sport (ANS) et le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) ont financé cette étude.
La pratique d’activité physique et sportive est un droit pour tous. Aujourd’hui, bien que les données scientifiques montrent d’une façon incontestable les nombreux bénéfices d’une activité physique et sportive régulière chez les personnes en situation de handicap, elles sont encore trop peu nombreuses à pratiquer une activité physique et sportive. A ce jour, les connaissances relatives quant aux comportements et habitudes et aux principaux freins et leviers à la pratique chez les personnes en situation de handicap restent limitées.
Ainsi, l’ONAPS et la FNORS se sont associés afin de réaliser une étude en questionnant l’opinion de cette population. Cette enquête vise à identifier les freins et les leviers ainsi que les situations favorables pour permettre aux personnes en situation de handicap vivant à domicile de pratiquer des activités physiques et sportives. L’ONAPS et la FNORS se sont rapprochés du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, de l’ANS et du CPSF pour mener à bien cette étude.
Une première enquête quantitative
Cette enquête s’est concentrée sur une cible, trop peu étudiée, les adultes en situation de handicap vivant à domicile en France, quel que soit le type de handicap. L’enquête s’intéresse non pas seulement à la pratique d’une activité sportive mais également sur l’activité physique au sens large et à la sédentarité en incluant les activités du quotidien qu’elles soient domestiques, professionnelles, liées au transport ou de loisir.
Elle se construit sous deux temps, une phase quantitative et une phase qualitative, et se concentre sur 5 départements sélectionnés : l’Ille-et-Vilaine, la Moselle, l’Eure, la Corrèze, et la Réunion. Pour la première phase quantitative, 656 personnes en situation de handicap, âgées de 20 à 59 ans et ne résidant pas dans un établissement ou service médico-social, ont répondu à un questionnaire auto-administré entre janvier et avril 2022. La phase qualitative est encore en cours de finalisation.
Les principaux résultats de l’étude
Sur l’échantillon des 656 répondants à cette enquête, 34% ne pratiquent aucune activité physique et sportive. Parmi les pratiquants, la majorité d’entre eux (52%) pratiquent de manière libre, indépendamment à toute structure encadrée ou fédérée. Cela s’explique par la nature des activités physiques et sportives étant majoritairement liée aux déplacements utilitaires (marche, vélo…), à des activités domestiques (tâches ménagères, bricolage…) ou à des activités accessibles (marche, promenade…).
L’étude permet d’identifier les trois principaux freins à la pratique d’une activité physique et sportive chez les personnes en situation de handicap vivant à domicile :
- Les douleurs et la fatigue (33,9%)
- Le manque d’informations sur les équipements sportives ou les offres adaptées à leur handicap (24,6%)
- Les lieux de pratique trop éloignés et le coût d’achat de matériel adapté trop élevé (24,1%)
Concernant les trois premiers leviers de la pratique :
- Le plaisir procuré par l’activité physique et sportive (32,5%)
- L’évacuation du stress et de l’anxiété (31,9%)
- La création et l’entretien des liens sociaux (23,9%)
A noter que 50,9% des répondants n’ont identifié aucun levier à la pratique, ce qui montre la difficulté pour ces personnes de se projeter dans la mise en place d’une activité physique et sportive.
Afin d’obtenir des résultats cohérents et précis, l’ONAPS et la FNORS se sont penchés vers les particularités de chacun, en prenant en compte l’âge, le sexe ou encore les déficiences. Quelques exemples de facteurs pouvant freiner la pratique :
- Plus le handicap est acquis tard, moins les personnes sont sujets à pratiquer un sport. 40% de ce public n’en pratiquent aucune alors que chez les personnes dont le handicap est inné, seuls 26% ne pratiquent pas d’activité physique ou sportive.
- Plus les personnes en situation de handicap sont âgées, moins elles pratiquent une activité physique et sportive structurée. En revanche, les activités domestiques ont tendance à augmenter avec l’âge.
- 73,4% des femmes ne pratiquent pas car elles estiment avoir des freins contre 59% des hommes.
- La proportion des personnes en situation de handicap n’ayant aucune pratique est plus élevée pour les personnes ayant un handicap moteur ou trouble du psychisme que pour les déficients intellectuels ou sensoriels.
L’étude permet d’identifier deux profils de personnes plus à risque de ne pas pratiquer une activité physique et sportive structurée :
- Les personnes ayant le plus de caractéristiques parmi les suivantes (par ordre d’importance) : avoir un handicap moteur / avoir un handicap acquis après 18 ans / avoir 40 ans ou plus / être une femme.
- Les personnes regroupant le plus de caractéristiques parmi les suivantes (par ordre d’importance) : avoir un trouble du psychisme / avoir un handicap acquis entre 12 et 18 ans / être sans emploi / être un homme.
Le CPSF pour le développement de la pratique d’activité physique et sportive chez les personnes en situation de handicap
Par sa mission de développement du sport chez les personnes en situation de handicap, le CPSF s’est approprié les résultats de cette enquête et en a tiré ses propres conclusions.
Tout d’abord, les informations relatives au faible taux de pratique et aux explications de ce dernier soulignent la nécessité de mettre un accent particulier sur les activités d’intensité modérée, génératrices de bien-être comme la natation, la marche, le yoga ou encore les arts martiaux… Mais aussi, d’une façon générale, les formes de pratique dites « douces » et d’une information claire sur les conditions de pratique de ces activités et les niveaux de risque individuels.
Une des réponses serait de promouvoir les formes de pratique non compétitives, à visée de détente, de lien social, de plaisir… Une orientation qui ressortait déjà très clairement des états des lieux réalisés par les référents paralympiques territoriaux du CPSF.
Il existe également un enjeu fort de communication autour de la variété des activités et des formes de pratique possibles et de leur ouverture aux différents types de handicap, de niveau d’autonomie et de capacité. D’où l’intérêt de travailler en réseau avec les acteurs du suivi de ces personnes, lesquels sont à même de les aider à prendre conscience de la nécessité et de la possibilité d’une pratique d’activité libre ou encadrée.
Plus de 24% des répondants regrettent que le lieu de pratique soit trop éloigné de leur domicile. Pourtant, des solutions de proximité existent peut-être mais les clubs concernés ne sont pas identifiés spécifiquement et/ou ne sont pas inscrits dans le Handiguide. Il est nécessaire d’inciter les personnes à frapper à la porte du club le plus proche, même s’il n’est pas identifié « handisport » ou « sport adapté ». Aujourd’hui, le CPSF, avec le soutien actif du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, a fait le choix de former plus de 3000 clubs à l’horizon 2024 en déployant un programme de sensibilisation appelé “Club inclusif“. Chaque club volontaire est accompagné par le CPSF et ses deux fédérations membres, les fédérations françaises handisport et du sport adapté, qui leur proposent une sensibilisation à l’accueil des personnes en situation de handicap au sein de leur structure.
D’autre part, l’enquête tend à renforcer l’idée que l’augmentation du niveau d’activité physique général de cette population ne suppose pas seulement l’aménagement des sites d’accueil et la diffusion d’informations pertinentes, mais également l’accompagnement à la prise de conscience des bienfaits d’une activité physique et sportive, des possibilités d’accompagnement individuel et des capacités de la personne à s’engager dans cette pratique. Il est important de travailler avec les professionnels du médico-social et les familles.
Les formes de pratique libres non structurées, via des sites internet ou des coachs personnels, sont à investiguer car elles semblent retenir l’intérêt de nombre de personnes en situation de handicap (52%). Le CPSF doit explorer les offres locales en la matière et les sites proposant des programmes adaptés aux personnes en situation de handicap.
Enfin, l’enquête pointe une fois de plus le faible taux d’engagement des femmes dans la pratique sportive. Le CPSF, conscient de la difficulté d’atteindre cette cible, a pour objectif de féminiser les pratiquants tant au niveau loisir qu’au niveau compétitif.
Grâce à la connaissance des freins et leviers à la pratique d’une activité physique et sportive chez les personnes en situation de handicap, l’ensemble des acteurs du mouvement sportif et médical vont pouvoir travailler ensemble pour le développement du parasport afin d’apporter des solutions adaptées. Les conclusions émises par cette enquête rejoint, par ailleurs, la vingtaine de mesures de développement de la pratique sportive chez les personnes en situation de handicap citées par le gouvernement lors du 8ème atelier IPCS.
Téléchargements
Source : Rapport complet des activités physiques et sportives chez les personnes en situation de handicap vivant à domicile réalisé par l’ONAPS et la FNORS