EPYG 2019, formation accélérée
Pour la première fois depuis la création de la compétition en 2011, la France a emmené plus de cinquante athlètes, issus de trois fédérations, aux Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse.
Cette année, 27 nations européennes, regroupant plus de 600 athlètes, s’étaient données rendez-vous à Lahti, sur le centre d’entraînement olympique et paralympique finlandais, pour la cinquième édition de Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse.
Avec 52 athlètes issus de la Fédération Française Handisport (FFH), la Fédération Française du Sport Adapté (FFSA) et de la Fédération Française de Judo (FFJDA), l’équipe de France paralympique faisait partie des délégations les plus représentées en Finlande.
Para athlétisme, basket fauteuil, boccia, para judo, para natation et para tennis de table, les jeunes français ambitionnaient les meilleures performances possibles lors de ces Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse.
C’est vraiment important, dès maintenant, d’inculquer une valeur collective
Jean MINIER, Chef de délégation
Un premier grand RDV
Avec Serge ROBERT, entraîneur fédéral à la commission para athlétisme de la FF Handisport, en charge du suivi et de la détection des jeunes, les objectifs principaux pour ses athlètes étaient « qu’ils vivent les émois d’une compétition internationale et bien sûr qu’ils se mesurent à des jeunes de leurs âges ! Je voulais aussi qu’ils se mettent dans un cadre de compétition avec tout ce que cela comporte : le stress, l’appréhension… Il fallait qu’ils se rendent compte par eux-mêmes de la réalité d’une compétition internationale et qu’ils se mettent en conditions physiques et mentales. Au-delà de la performance, il faut prendre en compte des éléments annexes tels que la gestion du stress, la présence d’un public, une situation inattendue, la confrontation avec la concurrence ou encore la vie en groupe, loin des familles… Il était aussi important pour eux de se retrouver, de se sentir intégrés à un collectif, dans une vraie dynamique d’équipe. Le fait de visualiser était aussi essentiel pour leur entraînement à venir. Ils devaient, en venant ici, franchir un cap. » (son interview).
Un collectif France emmené par son porte-drapeau, Samih MOHAMED KHALIL, capitaine de l’équipe de France de basket fauteuil, qui a su créer une cohésion entre tous les jeunes… un indispensable pour la performance collective.
Pour Jean MINIER, le chef de la délégation française, « il y avait trois fédérations représentées lors des EPYG 2019 et on en aura peut-être davantage lors de la prochaine édition. Pour les Jeux Paralympiques, il faudra compter sur une dizaine de fédérations. C’est donc un apprentissage pour les athlètes qui ne sont plus dans leur périmètre de leurs fédérations mais sous la bannière de l’équipe de France, comprenant d’autres jeunes avec d’autres types de handicap. C’est vraiment important, dès maintenant, d’inculquer une valeur collective. Au-delà de sa fédération, quand on défend les couleurs tricolores dans un contexte comme les Jeux, on doit coopérer et se servir de l’esprit France pour être galvanisé le jour de sa compétition. »
Cette homogénéité s’est ressentie chez les basketteurs en fauteuils qui, dès le premier jour de compétition, ont appliqué leurs ambitions sur le terrain. Avec deux victoires, 78-24 face à l’Italie, future finaliste du tournoi, et 74-37 contre l’Irlande, les protégés de Stéphane BINOT, Karim EL GUEDDARI et Alexandre LEBOEUF (son interview) ont permis à l’équipe de France d’entamer la compétition sous de bons auspices.
Les jeunes athlètes français ont d’ailleurs surfé sur cette lancé en glanant, les uns après les autres, les premières médailles. (Les résultats de la première journée).
Une première classification
Par ailleurs, pour de nombreux jeunes français, il s’agissait de leur première compétition internationale et donc d’une première classification… une étape cruciale !
Pour Benoit FROMENT, entraîneur de l’équipe de France Sénior de para tennis de table et responsable Jeunes, « la classification est la base de toute pratique sportive dans notre mouvement. Celle-ci sert à répartir les athlètes au sein de catégories sportives équitables en fonction de leurs aptitudes et au regard de leur handicap. »
Cette première étape vers le sport de haut niveau est essentielle mais elle nécessite un travail en amont auprès des sportifs. Là encore, Benoit FROMENT a usé de son expérience pour accompagner aux mieux les jeunes pongistes dans cette classification puisqu’il est « très important de les préparer à cette première classification car ils appréhendent beaucoup. Ils assimilent cela à l’examen du baccalauréat. Pour vous donner un exemple, j’ai passé en Finlande entre 20 et 30 minutes avec chaque athlète (âgés de 12 à 18 ans) pour les préparer à cette classification.
C’est assez délicat pour eux car certains n’ont pas encore accepté leur handicap, n’ont pas forcément un regard juste sur eux-mêmes, dans le positif ou dans le négatif … Ce sont des aspects auxquels je prête beaucoup d’attention car une première classification peut être traumatisante pour eux, les ramener à des périodes compliquées, surtout si celle-ci ne les contente pas. Je leur demande toujours dans quelle classe ils pensent être : bien souvent avec les jeunes, les réponses sont symptomatiques de l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.
Par ailleurs, l’aspect humain est fondamental ! Pour des jeunes athlètes, c’est toujours plus rassurant d’être en face d’un panel de classificateurs à l’écoute. » (son interview)
Atteindre ses objectifs
Une fois cette journée passée, il était temps pour les pongistes et nageurs de plonger dans le grand bain. Si cette seconde journée aura été la plus prolifique pour la délégation française avec 18 médailles, l’objectif principal n’était pas là ou on l’attendait : « Dans un contexte où la concurrence est un peu inégale, l’important est d’atteindre ses propres objectifs de performance, de maîtrise des conditions de compétitions.
Se servir de la compétition pour apprendre à gérer l’approche de ce genre d’événement : gestion des jours pré-compétition, les derniers réglages de tenues, du matériel, le respect des horaires… toutes les petites routines qui font grandir le jeune athlète en tant que compétiteur » étaient visées par les responsables de la délégation française.
Vous l’aurez compris, avec l’une des délégations les plus jeunes de cette édition des Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse, l’objectif principal n’était pas la recherche de médailles mais bien d’aller chercher la meilleure performance individuelle au sein d’un collectif.
Une expérience riche
« Il faut souligner que l’encadrement de l’équipe de France à joué un rôle essentiel. Il a vraiment fait le maximum pour que les jeunes soient dans les meilleures conditions possibles, à l’image de l’équipe médicale. (zoom sur l’équipe médicale)
Dans le groupe France, on a vu des jeunes vraiment motivés, avec l’intention de performer avec malgré des niveaux disparates. Il y avait des jeunes qui sont aux portes de l’équipe de France sénior et puis d’autres, qui sont au début de leur carrière d’athlète. C’est cet aspect qui rend intéressant la compétition, que les uns puissent apprendre des autres et je pense que tout le monde, à la mesure de ce qu’il pouvait faire, à vraiment joué le jeu.
Aucun athlète n’a baissé les bras alors que certains ont dû batailler contre des athlètes plus âgés, dans des catégories de poids élargies pour prendre l’exemple du para judo. Ce n’était pas toujours évident pour eux et dans ce contexte là, ils se sont bien battus. Il faut souligner cet engagement car tout le monde a fait sa compétition et je pense qu’ils auront tous appris pendant cette semaine. » Jean Minier
Au total, la France totalise 41 médailles dont 35 pour des athlètes classifiés à l’international, la délégation française s’est hissée en haut du classement des nations, devant l’Italie et l’Allemagne.