“Cassée debout”, portrait de Marie Rabatel, porte-parole des victimes de violences sexuelles en situation de handicap
"Cassée debout", documentaire réalisé par Franck Seuret et Yann Rineau, co-produit par Cicada Production et FranceTv AURA, retrace la vie de Marie Rabatel, athlète autiste et victime de violences sexuelles.
Le mardi 23 mai a eu lieu l’avant-première du documentaire “Cassé debout”, à Paris, en présence, entre autres, d’Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées auprès du ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées et de Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat auprès de la Première ministre, chargée de l’Enfance.
Depuis quelques temps, les réalisateurs Franck Seuret et Yann Rineau souhaitaient aborder le sujet des violences sexuelles faites aux personnes et aux enfants en situation de handicap, un sujet difficile et peu abordé, qui est pourtant très important en France. En effet, aujourd’hui, au moins 30% des femmes en situation de handicap, et 9 femmes autistes sur 10, ont subi des violences sexuelles. Chaque année, 160 000 enfants sont victimes d’abus sexuels. Les enfants déficients intellectuels ont cinq fois plus de risques d’êtres victimes que les autres enfants.
A travers ce documentaire de 52 minutes, Marie Rabatel, athlète autiste et victime de violences sexuelles, a accepté de raconter son histoire et “de porter la voix de ceux qu’on n’entend pas”.
Le portrait d’une vie de combat
Présidente de l’Association Francophone des Femmes Autistes (AFFA) et membre permanente de la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE), Marie Rabatel mène une vie de combat pour faire entendre les victimes de violences sexuelles en situation de handicap.
Durant son enfance, Marie Rabatel a été victime d’abus sexuel et de harcèlement scolaire. Atteinte de troubles autistiques, elle rapporte avoir été la cible de moqueries de la part de ses camarades mais aussi ses professeurs. Ils profitent de son handicap pour la rabaisser. A la suite des violences sexuelles subies à l’âge de 12 ans par un voisin de ses grands-parents, elle essaie d’en parler à ses proches à travers le dessin, mais ces derniers n’entendent pas et la traite de “folle”. Elle décide alors de garder le silence et de ne plus jamais en parler, jusqu’à ses 35 ans.
Ainsi, dès l’adolescence, Marie Rabatel se réfugie dans le sport dans lequel elle trouve un certain bien-être et retrouve confiance en elle. Alors qu’elle s’est toujours sentie différente des autres à l’école, elle se sent enfin intégrée et à sa place. Elle découvre le lancer de disque, au collège, lors d’un cours d’EPS. Ne sachant pas comment lancer, son professeur lui propose de s’imaginer en train de donner une forte claque à quelqu’un qu’elle déteste. A ce moment-là, elle visualise toutes les personnes qui l’ont harcelée à l’école, et révèle un potentiel en lancer de disque. Depuis, Marie Rabatel a été plusieurs fois championne de France en valide et a participé à plusieurs compétitions internationales.
A la fin de sa carrière sportive, elle s’oriente vers une carrière professionnelle dans le monde du social en tant qu’éducatrice spécialisée. Elle travaille notamment dans les Instituts Médico-Educatifs (IME) pour aider les personnes en situation de handicap. Elle se rend compte des difficultés et des violences verbales, psychologiques, sexistes et sexuelles auxquelles les personnes accueillies dans ces centres sont confrontées. Selon elle, les personnes en situation de handicap subissent une certaine culture de soumission, jugés comme en incapacité de réfléchir par eux-mêmes et soumis aux choix des adultes. A partir de ce moment-là, Marie Rabatel souhaite mener un combat pour la protection de l’enfant et de l’enfant en situation de handicap.
A 35 ans, alors qu’elle avait “mis de côté et oublié” son abus sexuel, elle revoit son agresseur, et son passé la rattrape. Pendant les 5 années qui suivent, elle vit une période difficile et est intégrée en clinique. Incapable de sortir dehors, elle est aidée et fait un travail sur elle-même pour comprendre qu’elle est bien victime et non pas coupable, comme elle s’en est toujours persuadée depuis les faits.
En parallèle, elle continue son combat pour la protection de l’enfance et travaille avec le sénat et l’Assemblée Nationale. “Je suis persuadée que quand fait des choses pour les enfants les plus fragiles, les plus vulnérables de la société, on agit en fait pour tous les enfants, c’est bénéfique pour tous ” annonce Marie Rabatel pendant l’avant-première. Son travail n’est pas uniquement pour les enfants victimes en situation de handicap mais bien pour tous les enfants.
Si les réalisateurs espèrent, à travers “Cassée debout”, faire bouger la société “on va semer des petites graines et on espère que vous allez les faire germer“, Marie Rabatel elle répond “Moi, je dis souvent, que je suis une jardinière, qui sème des petites graines et que les autres vont faire fleurir les graines semées“. Ce documentaire permet de mettre des images et des mots sur des histoires vécues par trop de personnes silencieuses.
“Cassée debout” sera diffusé sur France3 Auvergne Rhône-Alpes le 1er juin à 23h45 et également visible sur france.tv sur ce lien suivant.
Le gouvernement annonce des mesures
Lors de l’avant-première, les ministres présentes, Isabelle Rome et Geneviève Darrieussecq, ont profité de ce cadre pour annoncer plusieurs mesures qui vont être mises en place :
- Un contrôle d’honorabilité pour le recrutement des éducateurs et professionnels qui travaillent, en centres médicoéducatifs et foyers, avec les enfants et les personnes en situation de handicap.
- Création de modules de formations dans les centres médicoéducatifs et foyers sur les violences, les violences sexistes et sexuelles, mais aussi sur la sexualité, l’intimité et la notion de consentement pour les enfants et jeunes adultes en situation de handicap.
Le CPSF s’engage dans la lutte contre les violences sexuelles dans le sport et le parasport
Le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) a développé, en lien avec le Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, un outil de prévention contre les violences, verbales, physiques et sexuelles dans le milieu du sport, appelé “Réglo’Sport“.
À la genèse du projet, Marie Rabatel, est venue proposer ce projet au CPSF. Le Réglo’Sport s’inspire de l’expérience du Violentomètre, outil construit pour lutter contre les violences faites aux femmes. Par son visuel et son contenu, ce dernier représentait l’un des seuls outils accessibles aux personnes en situation de handicap. Le CPSF ayant pour mission de proposer des accompagnements accessibles à tous les pratiquants sportifs en situation de handicap, l’association pour adapter l’outil du Violentomètre au monde du parasport et du sport s’est naturellement réalisée.
Aujourd’hui, cet outil est accessible à toutes personnes en situation de handicap ou non.
Sous un format de réglette, Réglo’Sport apparait dans le documentaire lors d’une scène dans un club de basket-ball. Marie Rabatel le distribue aux jeunes filles et garçons du club afin qu’ils puissent lieux auto-évaluer leur situation, à partir de leurs ressentis, et se rendre compte s’ils sont en danger ou non. L’objectif du Ministère et du CPSF est de rendre obligatoire, dès la rentrée sportive 2023, l’affichage de la réglette au sein de tous les clubs sportifs.
Téléchargements
“Cassée debout” sera diffusé sur France3 Auvergne Rhône-Alpes le 1er juin à 23h45 et également visible sur france.tv sur le lien suivant.