Rencontre avec Alexis Hanquinquant, étoile montante du paratriathlon français !
Le 16 juin dernier, le normand Alexis Hanquinquant devenait Champion d’Europe de paratriathlon en catégorie PTS4 à Kitzbuhel (Autriche). Rencontre avec cet espoir du paratriathlon français, déterminé et plein d’ambitions…
Si tu devais te décrire en quelques mots ?
Je me définirais comme quelqu’un de persévérant, ambitieux, optimiste qui n’abandonne jamais !
Depuis quand pratiques-tu le paratriathlon ?
Je ne suis pas triathlète de formation mais j’ai toujours été très sportif. J’ai pratiqué le basket en promotion « excellence région » de 8 à 23 ans. Parallèlement, j’ai pris une licence en sport de combat à 20 ans et je me suis tourné vers le Full Contact, ce qui m’a plutôt bien réussi puisque je décroche le titre de champion de France en moins de 86 kg en mai 2010. A la suite de cela, je devais commencer des sélections en équipe de France et préparer des combats à l’échelle européenne. Malheureusement, j’ai été victime d’un accident de travail en août 2010 qui a entraîné en 2013 une amputation transtibilale de ma jambe droite et qui a stoppé, je le croyais, toutes mes ambitions sportives…
« Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort ! »
Après un tel accident, deux choix s’offraient à moi : me laisser aller ou rebondir après cette épreuve de la vie… J’ai décidé de m’en sortir, de me fixer un challenge et de refaire du sport : le triathlon est devenu une évidence. J’ai participé à mes premiers championnats de France de paratriathlon en 2016 et j’ai terminé en 2e position. Suite à cela, Nicolas Becker, entraineur national, m’a proposé de venir me tester sur le circuit international à l’occasion d’une étape de Coupe du Monde en Ecosse, ce qui fut plutôt une réussite.
Quelle est la spécificité du paratriathlon ?
La distance officielle est la distance « sprint » qui consiste à enchaîner sans arrêt du chronomètre 750m de natation, 20km de vélo et 5km de course à pied. L’épreuve se déroule « sans drafting », c’est-à-dire que nous n’avons pas le droit de rouler en peloton lors de la partie cyclisme. Après, il y a différentes classifications. Le nouveau système de classification définit 6 catégories. La catégorie PTHC concerne les athlètes pratiquant en fauteuil (natation-handbike-fauteuil), les catégories PTS2, PTS3, PTS4, PTS5 ceux pratiquant debout avec des handicaps impactant plus (PT2) ou moins (PT4) la capacité à performer et la catégorie PTVI concernant les handicaps visuels (natation-tandem-course, avec guide).
Peux-tu nous parler de ta préparation pour la saison 2017 ? Combien d’entraînements fais-tu par semaine ?
Niveau préparation j’ai, dès le début, commencé à m’imposer des entraînements très élevés : une dizaine d’heures par semaine avec 2 entraînements de piscine, 2 sorties d’environ 80 km chacune en vélo et 2 sessions de course à pied par semaine pour être au plus près de l’objectif que je m’étais fixé, qui était de monter sur le podium du championnat de France (chose faite). J’ai quasiment doublé mon quota d’entraînement aujourd’hui avec dix-huit heures par semaine : trois séances de course à pied, quatre entraînements de natation, quatre sorties vélo, soit environ 300 km hebdomadaires.
Comment gères-tu vie professionnelle, vie privée et ton statut de sportif de haut-niveau ?
Je suis papa de deux enfants et ils ont été un véritable soutien avec mon épouse dans ma reconstruction et mon investissement dans le triathlon. Côté professionnel, je suis actuellement à mi-temps chez Bouygues Construction, où je travaille dans l’isolation d’immeuble à Déville-lès-Rouen. Le rythme est soutenu en ajoutant mes 18 heures d’entraînement par semaine mais je veux profiter à fond de chaque moment.
Tu viens de décrocher le titre Européen à Kitzbuhel, peux-tu nous parler de ta course ?
Je me suis senti très bien, j’étais prêt physiquement et mentalement mais je ne pensais tout de même pas terminer avec 1’30 d’avance sur l’Anglais Steven Crowley, qui est mon plus grand adversaire ! Première participation aux Championnats d’Europe, premier titre, je ne peux qu’être satisfait et confiant pour la suite !
Justement, peux-tu nous parler de la suite ?
Je suis focalisé sur les prochains Championnats du Monde qui auront lieu le 15 septembre prochain aux Pays-Bas. Et dans un futur plus éloigné… pouvoir prendre le départ lors des Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020 !
Quel est ton état d’esprit avant le début d’une course ?
Je suis concentré, vigilant pour ne pas perdre de temps lors des transitions.
Quel est ton meilleur souvenir en compétition ?
Ma deuxième place au championnat de France l’année dernière, puisque c’est là que tout commence…
Pour te soutenir dans ta préparation, tu as créé l’association « Le sport du bon pied », peux-tu nous la présenter ?
Quand je me suis lancé le projet de me mettre au triathlon, j’ai été confronté à la question financière liée au coût des prothèses. Ce qu’il faut savoir c’est que pour le paratriathlon, avec mon type de handicap, j’ai besoin de 3 prothèses différentes (une de bain, une de vélo et une de course à pied) dont la facture s’élève à 18 000 euros ! J’ai donc eu l’idée de créer une association, que j’ai nommé « Le Sport Du Bon Pied » afin de pouvoir collecter des fonds et m’aider à financer mes prothèses !
Age : 31 ans, né le 28 décembre 1985
Club : Rouen Triathlon
Handicap : Amputation transtibiale
Catégorie : PTS4
Palmarès
2017
Champion d’Europe
2016
Vice champion de France
Toutes les informations sur le paratriathlon > Fédération Française de Triathlon