Premières sessions Club inclusif en Bouches-du-Rhône
Le Département des Bouches-du-Rhône s'est engagé dans la première session Club inclusif hors Ile-de-France, un programme qui permet de sensibiliser les clubs sportifs à l'accueil des personnes en situation de handicap. 12 clubs volontaires ont suivi cette sensibilisation dont l’école de sauvetage côtier méditerranéenne. Grégory Caiazzo, co-directeur du club, témoigne de son expérience.
Lancé en 2022 par le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) et soutenu par le gouvernement et Paris 2024, Club inclusif est un programme qui permet de sensibiliser les clubs ordinaires, non spécialisés, à l’accueil de personnes en situation de handicap. L’objectif est de former 3000 clubs à l’horizon 2024.
Grégory Caiazzo, co-directeur de l’école de sauvetage côtier méditerranéenne, a participé à la première session Club inclusif soutenue par le Département des Bouches-du-Rhône. Affilé aux fédérations françaises de secourisme et de natation, le club dispense des cours de loisirs et de compétitions de sauvetage sportif, accessibles dès 5 ans, et également des formations de sauvetage et de maitre-nageur.
CPSF : Vous avez suivi le programme Club inclusif en fin d’année 2022, pourquoi et comment vous êtes-vous engagés ?
Grégory Caiazzo : Le sauvetage est un sport solidaire, cela fait longtemps que nous souhaitions développer des actions pour pouvoir aider des personnes. Depuis 2019, le club organise un évènement de nage en mer appelé “le MC Swim Challenge“, un évènement caritatif au profit des enfants atteints de cancer, une cause qui nous touche beaucoup au club. Dans de nombreux cas, si les enfants ont la chance de guérir de leur cancer, ils ont des séquelles et/ou des handicaps. Nous nous sommes rendu compte que les personnes en situation de handicap n’ont pas accès à certaines pratiques, nous voulions donc faire quelque chose pour remédier à ça. Quand le Département des Bouches-du-Rhône a proposé d’intégrer le dispositif Club inclusif, ça nous a tout de suite interpellé, c’était le bon timing pour nous engager.
CPSF : Racontez-nous votre expérience au Club inclusif.
G.C. : Nous étions 4 participants de notre club : un responsable et trois encadrants. La session débute par une journée de cohésion, de rencontre et d’échanges avec les fédérations françaises handisport et sport adapté représentées par les comités départementaux, le CPSF et le Département. Ensuite, les encadrants et les dirigeants ont suivi des volets différents. En tant que dirigeant j’étais plus en lien avec le CPSF, alors que les encadrants avaient des échanges plus théoriques et pratiques avec les comités handisport et sport adapté. Pour moi, l’intérêt de ce programme est de créer des liens et de rencontrer les bonnes personnes pour le développement du parasport. J’ai pu être bien renseigné et, à présent, je sais vers qui me tourner en cas de besoin, je me sens rassuré. Par exemple, Club inclusif m’a fait connaitre le handiguide des Sports ou le réseau Parcours Handicap 13, des dispositifs qui permettent de nous identifier comme association para accueillante, ou m’a fait cibler les bons outils de communication à utiliser pour toucher les personnes en situation de handicap. Sans cet accompagnement, je n’aurai jamais eu connaissance de ces éléments. Nous avons également évoqué l’aide aux financements, j’ai pu être dirigé vers les bons acteurs ou les bonnes plateformes. A présent, c’est à nous d’aller au bout de la démarche, de trouver des financements, de communiquer…
CPSF : Où en êtes-vous aujourd’hui ? Avez-vous déjà accueilli des personnes en situation de handicap depuis la formation ?
G.C. : Non, c’est trop court et assez utopique d’imaginer que nous suivons le programme en décembre et que trois mois plus tard, nous accueillons déjà des adhérents en situation de handicap. Même nous, au club, nous ne serions pas capables d’accueillir quelqu’un en pleine saison. En revanche, nous nous préparons pour la rentrée de septembre 2023. L’intégralité des créneaux de piscines seront ouverts aux personnes en situation de handicap, dans l’optique de créer de la mixité, comme nous l’a appris Club inclusif. Nous allons également ouvrir un créneau dédié aux personnes en situation de handicap, le samedi matin, pour les cas particuliers. Notre responsable administratif a participé à ces journées de sensibilisation afin de pouvoir orienter les personnes vers les bons créneaux en fonction de leur situation, de leur âge et de leur besoin. Il était essentiel pour nous qu’elle sache de quoi elle parle, elle est la première interlocutrice lors des inscriptions. En attendant septembre, nous mettons en place quelques actions comme des formations PSC1 avec des personnes avec des déficiences visuelles ou moteurs pendant les vacances scolaires, des stages avec un Institut Médico-Educatif (IME) ou encore des dispositifs “J’apprends à nager” avec des enfants et adolescents en situation de handicap. Nous allons également investir dans un véhicule adapté qui permettra d’aller récupérer les pratiquants et leur faciliter l’accès à la pratique. Nous avons encore des choses à définir d’ici la rentrée, nous rencontrerons sûrement des situations auxquelles nous n’avons jamais été confrontées, mais nous savons que nous sommes soutenus par les différents acteurs rencontrés lors de Club inclusif.
CPSF : Que diriez-vous à un club qui hésite à s’engager dans Club inclusif ?
G.C. : La première chose qu’on m’a apprise au programme Club inclusif est que finalement nous nous mettons nous-mêmes des barrières. Habd-Eddine Sebiane, chargé de mission au CPSF, m’a dit dès le premier jour “tu es éducateur sportif, quand un enfant fait un caprice, tu sais t’adapter, quand un autre est fatigué, tu sais t’adapter, alors pourquoi tu ne sais pas t’adapter face à un enfant en situation de handicap ou à qui il manque une jambe ? Je ne comprends pas, c’est que tu n’es pas si bon que ça comme éducateur” et il a raison. En réfléchissant, c’est une première barrière qu’il a cassé en quelques minutes. A présent, c’est le message que je ferai passer. Il faut casser cette barrière et s’engager humainement.
Le Département des Bouches-du-Rhône, convaincu du dispositif Club inclusif, s’est engagé sur une deuxième session qui a eu lieu en mars 2023. Grâce à leur contribution, 24 clubs bucco-rhodaniens sont déjà sensibilisés à l’accueil des personnes en situation de handicap. Le Département envisage de poursuivre son engagement sur le programme en proposant des sessions sur d’autres bassins de vie.
Pour en savoir plus sur le programme Club inclusif, rendez-vous sur la page dédiée.