26 mai 2023

Les collectivités s’engagent pour rendre plus de clubs inclusifs

Lancé en 2022, le dispositif Club inclusif accompagne les collectivités territoriales qui souhaitent rendre leurs clubs sportifs adaptés à l'accueil de personnes en situation de handicap. Le but est d'enrichir l'offre de pratique parasportive sur les bassins de vie en sensibilisant un maximum de clubs. La ville de Pessac est la première ville du territoire néo-aquitain à s'être engagée. Aujourd'hui, 10% de ses clubs ont suivi une session Club inclusif. Benoit Grange, élu au sport, témoigne.

Pessac est une ville de la banlieue bordelaise d’environ de 60 000 habitants avec près de 100 associations sportives. Labellisée « Terre de jeux », elle est sélectionnée comme Centre de Préparation aux Jeux Olympiques et Paralympiques (CPJ) notamment pour accueillir les entraînements des délégations de handball du monde entier. 

Ville très sportive, elle a souhaité sensibiliser ses clubs à l’accueil des personnes en situation de handicap en leur proposant de participer à une session Club inclusif. Benoit Grange, élu au sport, répond à nos questions. 

CPSF : Comment avez-vous eu connaissance du programme ?

Benoit Grange : Labellisés “Terre de Jeux”, nous avons connu Club inclusif grâce à une chargée de mission qui suit spécifiquement les sujets en lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques. Pessac a une histoire et un regard particulier autour du parasport. Depuis longtemps, la ville considère ce sujet de près, cela fait partie de notre politique. Nous avons plusieurs clubs labellisés “valides-handicapés, pour une pratique sportive partagée”. Un de nos clubs de handball a créé une équipe sourde, qui est seulement la deuxième équipe en France ! Nous avons également dénommé notre piste d’athlétisme Marie-Amélie Le Fur, qui est un triple symbole : une femme, une para athlète et une dirigeante sportive.

CPSF : Pourquoi cet engagement au Club inclusif ?

B.G. : Être inclusif fait partie des valeurs de la ville. Nous avons un tissu associatif qui est très sensible à ce sujet. L’offre parasportive sur notre territoire existe déjà. En revanche, depuis longtemps, nos clubs se posent la question de “comment peuvent-ils intégrer des personnes en situation de handicap et comment peuvent-ils les accueillir”. Trop souvent, ces questions se limitent à l’accessibilité des locaux. Bien sûr, avoir des locaux accessibles est effectivement la première étape indispensable, ce qui est d’ailleurs à la ville de s’en occuper, mais ensuite il y a une dimension d’accueil, de prise en compte de la personne et de ses besoins, d’adaptation des contenus… qui est nécessaire à connaitre pour les clubs. C’est donc l’apport de ces éléments manquants qui nous semblaient intéressants avec Club inclusif. Jusqu’à présent, nous n’avions pas forcément le bon outil à mettre en place pour répondre à ces questions, Club inclusif était ce qui nous semblait être la bonne réponse. La demande des clubs est bien présente, nombreux sont intéressés par la démarche et souhaitent accueillir des personnes en situation de handicap.

CPSF : Comment s’est déroulé la collaboration avec le CPSF ?  

B.G. : Tout a été extrêmement fluide, il n’y a pas eu de difficulté sur la mise en place. La seule complexité venait de certains horaires moins adaptés à quelques clubs notamment en journée, mais nous avons tout de même eu dix clubs intéressés et en capacité de se rendre disponibles. Les retours des clubs sont positifs. Ce qui leur a particulièrement plu était la dimension d’échanges et de bonnes pratiques. Club inclusif n’est pas uniquement théorique au contraire, la mise en pratique et l’échange permet de se projeter vers une mise en application dans les clubs. En une seule session, nous avons permit à 10% de nos clubs de participer au programme. Parmi eux, quelques-uns ont un nombre de licenciés conséquent, c’est donc un bon démarrage pour nous.

CPSF : Comment avez-vous communiqué auprès des clubs pour cette session ?   

B.G. : Nous avons fait quelque chose de très simple, nous avons transférer l’information à l’ensemble de nos clubs. Nous avons ensuite passé des appels téléphoniques aux clubs qui avaient manifesté un intérêt. Nous avons reçu un certain nombre de clubs intéressés par le sujet et par cette première session. Malheureusement certains clubs intéressés n’ont pas pu participer à cette session pour des raisons de calendrier.  

CPSF : Grâce à votre engagement, 10% de vos clubs sont sensibilisés à l’accueil des personnes en situation de handicap, envisagez-vous une suite à ce projet ?  

B.G. : Oui, ce n’est pas juste cette action-là. Il faut s’inscrire dans la durée et que nous trouvions un modèle pour embarquer d’autres clubs qui n’ont pas pu participer à la session. Mais nous devons aussi garder des liens avec les clubs participants afin qu’ils puissent continuer à échanger et à partager les pratiques, les problématiques… Nous devons continuer à faire vivre ce sujet dans les mois à venir. Financer une nouvelle session Club inclusif est complétement possible, mais à condition d’adapter les créneaux pour que d’autres clubs, avec d’autres contraintes organisationnelles, puissent s’inscrire, par exemple avec des temps sur les week-ends ou les soirées. En attendant, nous allons faire la promotion de Club inclusif, donner la parole aux acteurs associatifs qui ont participé pour qu’eux-mêmes puissent expliquer ce qu’ils en ont retiré et donner envie à d’autres acteurs de venir le faire. Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont un prétexte pour faire avancer le sujet des parasports en donnant un éclairage particulier au mouvement paralympique mais aussi en formant, en sensibilisant les clubs, les associations, le grand public… Bien sûr, Paris 2024 donne une impulsion, mais après il ne faudra pas que le soufflet retombe : nous devons conserver la dynamique et continuer à avancer ! 

CPSF : Que diriez-vous à une collectivité qui hésite à s’engager dans Club inclusif ? 

B.G. : Je pense que cela fait partie du devoir d’une collectivité d’être capable d’entrainer le mouvement sportif qui est en demande. Nous devons accompagner les clubs, structurer, nous ne pouvons pas seulement leur demander d’accueillir mais nous devons avoir la capacité de fédérer ce mouvement sportif et de le cadrer. Club inclusif est une aide proposée par le mouvement paralympique, il faut être capable de la saisir quand elle se présente. Cela répond de manière très opérationnelle, très concrète aux questions que se posent les clubs. 

Découvrez le témoignage d’un club participant à une session Club inclusif

Pour en savoir plus sur Club inclusif, rendez-vous sur la page dédiée.