19 décembre 2023

La Relève au bénéfice des fédérations sportives : le cas de la FFAviron

La Relève est le programme de détection des futurs athlètes paralympiques. En travail conjoint avec les fédérations paralympiques, le CPSF identifie les capacités de chaque participant, puis les oriente vers une pratique adaptée à leur profil, dans laquelle ils pourront potentiellement évoluer jusqu’au haut niveau. La Fédération Française d'Aviron participe à ce programme depuis sa première saison. Rencontre avec Charles Delval, responsable para aviron à la fédération.

Charles Delval est actuellement en poste de responsable du programme para ambition 2024 au sein de la fédération d’aviron. Il est en charge de l’équipe de France para aviron mais également du développement de la discipline paralympique.

CPSF : Dès la première saison du programme La Relève en 2019, la fédération d’aviron s’est montrée très impliquée. Quelles sont les attentes et les enjeux pour la fédération en participant à ce programme ? 

Charles Delval : Le programme La Relève est vraiment la base du travail pour la détection de profils et pour les équipes de France. Le premier champ de bataille de la fédération est de trouver des athlètes. Dans le para, il nous faut plus d’athlètes afin d’avoir plus de concurrence et de faire élever le niveau sportif. Je dis bien “trouver” car certains sont déjà dans des clubs. C’est aussi notre action d’accompagner des sportifs en situation de handicap vers la bonne discipline et les orienter vers les clubs de proximité. La Relève nous mâche un peu le travail en détectant des profils et en nous les présentant. A chaque édition, nous orientons la moitié des candidats qui sont sur place vers des clubs. La fédération vient principalement dans le but de trouver des athlètes qui vont pratiquer en haut niveau mais nous allons aussi chercher des gens qui ont envie de pratiquer, qui veulent s’épanouir et qui vont mettre de la densité dans nos championnats de France ou inter-régionaux.

Que regardes-tu chez un athlète participant au plateau de La Relève ?

C.D. : Nous nous sommes tous rendu compte que dès l’échauffement, nous voyons beaucoup de choses chez un athlète : les voir bouger, voir leur comportement sur certains exercices, les voir courir ou rouler… Ca nous permet repérer tout de suite les bons profils. Ensuite, ce qui nous intéresse vraiment sont les entretiens individuels où nous abordons le projet du candidat, son projet de vie, son projet de performance… de comprendre sa motivation et son envie ! Ces dernières années nous avons également pu amener des ergomètres, ce qui nous permet de leur faire une première initiation et de voir leur potentiel.

Comment se passe la détection après La Relève ? 

C.D. : Selon le profil, la motivation ou le projet du participant, il peut y avoir plusieurs chemins. Notre rôle est de trouver un club à proximité susceptible d’accueillir le candidat pour un premier essai. Pour les clubs qui n’ont pas l’habitude d’accueillir des personnes en situation de handicap, nous les accompagnons, nous pouvons leur prêter du matériel adapté si nécessaire. Notre objectif est vraiment de donner la possibilité de faire un essai dans un club, le plus rapidement possible. Ensuite, c’est au cas par cas, il est possible que notre staff se déplace pendant les essais pour accompagner le club. Pour les très gros profils où le potentiel de haut niveau nous semble important, il nous arrive de les inviter lors d’un stage d’équipe de France. Cela permet de nous rendre compte de son niveau ou de son écart, puis la personne peut directement voir si ça lui plait ou non. Dans tous cas, en tant que responsable, sélectionneur et presque chasseur de tête, je me dois de creuser toutes les pistes pour faire pratiquer aux gens qui ont envie ou qui ont un certain profil, puis de faire un suivi pendant 3 mois. J’aime bien parler de cette période de 3 mois car pendant ce temps nous arrivons vraiment à voir ce que l’athlète souhaite. Ce que je trouve fort dans le concept de La Relève est que nous pouvons vite l’orienter vers une autre discipline si celle-ci ne lui correspond pas ou ne correspond pas à son projet sportif. Avec le CPSF et les autres fédérations, nous travaillons intelligemment autour du projet de performance de l’athlète. Aux Jeux Paralympiques, c’est un classement des nations, il y a enjeu collectif de l’équipe de France, si l’athlète peut avoir plus de chances de performance dans une autre discipline, nous sommes ravis !

Le rêve paralympique a-t-il déjà été réalisé chez certains participants de La Relève intégré en para aviron ? 

C.D. : Oui, Erika Sauzeau, participante à la saison 1, a été la première médaillée de La Relève. Tout a été très vite, deux ans à peine après sa détection, elle a été médaillée de bronze à Tokyo 2020. Nous avons également eu Bruno Rodriguez (Team La Relève) qui a participé à une compétition internationale. Aujourd’hui, nous pouvons compter 4 ou 5 anciens participants qui sont en cursus de compétition, et une quinzaine de participants qui ont, ou ont eu, un parcours loisirs.

Que dirais-tu à une personne qui hésite encore à s’inscrire ?

C.D. : Je lui dirais vraiment de tenter sa chance ! De toute façon, si elle souhaite faire du haut niveau, elle ne pourra pas le faire toute seule, elle aura besoin de fédérations structurées. Elle ouvrira encore plus son panel de discipline en venant se tester et en découvrant certaines possibilités, la classification, et peut-être même des disciplines moins connues. Si nous voulons sortir des champions, à un moment, il faut qu’ils sortent de chez eux. Beaucoup ne pensent pas avoir des qualités pour telle ou telle discipline, certains viennent avec un sport en tête et finalement nous les voyons performer ailleurs. N’hésitez pas !

 

Pour s’inscrire au programme La Relève, c’est par ici.