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La Relève : Jean-Christophe Rambeau, sa reconstruction par le sport

Membre de l'équipe de France de volley assis depuis 2019, Jean-Christophe Rambeau raconte comment il s'est reconstruit après un grave accident de la route. Participant à la première saison de La Relève en 2019, le sport, et particulièrement, le volley assis a été pour lui un véritable tremplin.

CPSF : Ta vie a basculé en 2016. Peux-tu nous raconter comment tu as surmonté cette épreuve ?
Jean-Christophe Rambeau : J’ai eu un accident de moto en mars 2016 qui m’a coûté une partie de ma jambe droite. À partir de là, je me suis dit que je devais me reconstruire. Le moyen que j’ai choisi pour ça, c’était le sport. J’étais déjà très sportif avant, mais en amateur, pour le loisir. Après l’accident, j’ai dû repartir de zéro : réapprendre à marcher, à descendre les escaliers, à courir… Le sport m’a énormément aidé pour retrouver confiance en moi, me réapproprier mon corps et retrouver certaines sensations. Ça m’a aussi poussé à me dépasser au quotidien pour essayer de retrouver une vie normale. Et là, je me suis rendu compte que j’étais capable de faire pas mal de choses.

CPSF : Et c’est comme ça que tu as participé à La Relève ?
JC.R : Exactement. Début 2019, je suis tombé par hasard sur une publication du programme La Relève, organisé par le Comité Paralympique et Sportif Français, qui proposait de devenir l’athlète paralympique de demain. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en m’inscrivant, mais je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Les Jeux Paralympiques, pour moi, c’était un rêve d’enfant. J’ai toujours regardé les grands évènements sportifs, peu importe la discipline. Là, participer à une détection et savoir qu’il y avait une chance, même infime, d’être repéré pour peut-être un jour aller aux Jeux, ça m’a tout de suite donné des paillettes dans les yeux !

CPSF : Cette détection t’a finalement conduit au volley assis.
JC.R : Oui, même si au début, ce n’était pas gagné ! En toute sincérité, ce n’était pas un sport qui m’attirait. Ça ne correspondait pas à l’image que j’avais du sport. Mais lors du plateau de La Relève, la Fédération Française de Volley m’a repéré et m’a proposé de venir essayer, et je me suis dit : “Tu ne peux pas juger sans essayer.” Alors je l’ai fait, et là, je me suis pris une grosse claque ! Dès la première heure sur le terrain, j’ai adoré ! Ce sport, c’est tout ce que j’aime : c’est ultra sportif, très tactique et très technique. Et en plus, c’est un sport collectif. Ça cochait toutes les cases pour moi. Le petit plus, c’est qu’au volley assis tout le monde est au même niveau, valides ou pas. À l’inverse, le handicap devient presque un avantage puisque nous sommes moins freinés par nos jambes. C’est vraiment un sport d’inclusion par excellence.

CPSF : Et après cette journée de découverte, tout s’est accéléré ?
JC.R : Oui, j’ai participé à La Relève en juin 2019 et quelques mois plus tard, j’étais déjà sélectionné en équipe de France ! Au début, je n’étais pas très bon, mais j’avais une très bonne condition physique et surtout énormément de motivation. Alors j’ai compensé mes faiblesses techniques en m’entrainant dur, et petit à petit, j’ai progressé. Le volley assis n’était pas, et n’est toujours pas encore très développé en France, contrairement à d’autres pays, il a donc fallu tout construire. Pour pouvoir m’entrainer, j’ai du monter une section dans un club local, trouver un coach… L’équipe de France était jeune, elle s’est construite avec plusieurs participants de La Relève et on a évolué tous ensemble. Aujourd’hui, on a parcouru un sacré chemin. On a fait des championnats d’Europe, une coupe du monde, des Jeux Paralympiques… Récemment, on a même décroché notre première victoire à la Bronze Nations League. C’est une belle progression qui a demandé beaucoup d’efforts, beaucoup de concessions, mais ça en valait le coup !

CPSF : Comment ce parcours a-t-il changé ton regard sur toi-même et sur le handicap ?
JC.R : Je crois que le sport a tout changé pour moi. Ça m’a permis de reprendre confiance, de repousser mes limites, de me redécouvrir. Ce que je retiens, c’est qu’être différent, ce n’est pas une faiblesse, mais bien une force. Grâce, et j’utilise bien le mot grâce, à mon handicap je suis meilleur aujourd’hui qu’avant car, j’ai su, peut-être par folie ou par inconscience, tirer le positif de cette amputation. Alors oui, il me manque une jambe, mais j’ai gagné une expérience en plus. Et ça, ça n’a pas de prix. Aux Jeux Paralympiques, au-delà de mon expérience sportive, ce qui m’a le plus marqué était le regard des autres, ils voyaient avant tout des athlètes et non pas des personnes en situation de handicap. Participer à ce changement de vision est quelque chose dont je suis très fier. À mon échelle, j’essaie de sensibiliser et de montrer qu’on peut dépasser son handicap pour faire des choses incroyables.

CPSF : Et pour La Relève, que dirais-tu à quelqu’un qui hésite à participer ?
JC.R : Je leur dirais : “Foncez, vous n’avez rien à perdre.” La Relève est une expérience qui ne peut que t’apporter quelque chose. C’est un super moment, humainement et sportivement. Il n’y a aucune raison de ne pas s’inscrire ! Ce programme est vraiment une chance, ça changé ma vie.

 

Si comme Jean-Christophe, vous rêvez de participer aux prochains Jeux Paralympiques, inscrivez vous sans plus attendre au programme de La Relève. Le prochain plateau aura lieu les 12 et 13 avril 2025.