24 juillet 2019

Zoom sur : La politique “Jeunes” menée par la FF Handisport

Fédération historique du mouvement paralympique, la Fédération Française Handisport est une fédération multisports qui regroupe notamment 12 des sports présents aux Jeux Paralympiques d’été et 3 des sports au programme des Jeux d’hiver. Soucieuse de garantir les meilleurs résultats pour les équipes de France paralympiques et d’avoir des collectifs toujours plus performants, la FFH développe depuis plusieurs années une politique axée sur la détection et l’accompagnement des jeunes athlètes. Rencontre avec Pierrick GIRAUDEAU, Directeur de la Performance, Jérôme HUMBERT, Responsable des référents PAS (Parcours d’Accession Sportif) disciplinaire et Sami EL GUEDDARI, Responsable des référents PAS territoriaux.

©G. MIRAND – CPSF

Détection des Jeunes

En 2009, la Fédération Française Handisport a accueilli Sami EL GUEDDARI, ancien nageur (Jeux Paralympiques de Pékin 2008, Londres 2012) afin d’aller détecter les talents de demain. C’est le point de départ de la nouvelle politique menée par la FFH en faveur des jeunes. « Nous étions essentiellement axés sur les équipes de France et à mon arrivée, j’ai été directement missionné sur la filière d’accès au haut niveau. […] Partant du constat que le niveau des Jeux Paralympiques augmentait fortement d’année en année, l’idée principale était d’accompagner, de fédérer tous ces jeunes que l’on voyait graviter autour du mouvement pour leur permettre de recevoir une formation la plus longue et la plus qualitative possible. »

C’est ainsi qu’est né le premier projet en faveur de l’accompagnement des sportifs en situation de handicap, les regroupements JAP – Jeunes À Potentiels.

« Le projet Jeunes À Potentiels visait à regrouper l’ensemble des jeunes sportifs, connus de la Fédération Française Handisport, aux vacances de la Toussaint de manière à leur fixer les objectifs de la saison, à leur inculquer les clés du haut niveau de manière à créer un lien avec les comités régionaux qui allaient être leurs accompagnateurs de proximité puisqu’ils sont répartis sur l’ensemble du territoire et dans des disciplines diverses. »

Aujourd’hui, la politique sportive fédérale, en lien avec la Performance, s’organise autour de 2 parcours validés par le Ministère des sports :

  • Le PAS – le Parcours d’Accession Sportif
  • Le PES – Le Parcours d’Excellence sportif

« Le PAS se traduit par une politique de détection qui repose majoritairement sur les acteurs des territoires, comme les comités départementaux ou régionaux qui sont missionnés sur cette fonction de détection, et sur notre cellule de détection qui se déplace sur les grands événements jeunes » ajoute Pierrick GIRAUDEAU, Directeur de la mission Performance au sein de la FFH.

Depuis la création du Parcours d’Accession Sportif, la politique Jeunes FFH s’est accélérée. Les événements tels que le stage national Jeunes À Potentiel, les Jeux de l’Avenir ou encore les Grand Prix des Jeunes contribuent également à l’expertise de la Fédération Française Handisport. Cette connaissance de la pratique des para sports chez les jeunes sportifs a permis de développer, au sein des territoires, de nouvelles phases de détection par l’intermédiaire de JAP régionaux. Sami EL GUEDDARI se félicite de l’année 2019 où « plus de 300 jeunes ont été vus sur les stages régionaux et on a eu 164 candidatures pour le JAP national, ce qui nous permet d’avoir une assise intéressante de sportifs. »

Notre politique Jeunes s’appuie sur 3 piliers : sportifs, cadres et structures.”

Pierrick GIRAUDEAU, Directeur de la mission performance

Accompagnement des Jeunes

« Le travail de détection s’effectue en collaboration étroite avec les territoires afin que les jeunes puissent s’épanouir au sein des différentes disciplines. Sous la direction des directeurs sportifs en lien avec les référents PAS de chaque discipline, les sportifs poursuivent leur développement au sein d’ une pratique régulière encadrée. En matière de performance, l’objectif est de structurer et clarifier le chemin vers le haut niveau et ainsi permettre au sportif et à l’encadrement de s’y engager pleinement” :  Jérôme HUMBERT, référent PAS disciplinaire, à un rôle d’accompagnement de suivi auprès des cadres des équipes jeunes de chaque discipline.

Si les sportifs sont les principaux acteurs de leur performance, la FFH met un point d’honneur à développer leurs outils d’entraînement… à commencer par les staffs. « C’est un travail qui est mené par la commission des territoires à travers des séminaires FPE (Formation, Partage, Expérience) qui sont proposés où sont inclus systématiquement des temps d’échanges entre nos salariés du territoire » ajoute Pierrick GIRAUDEAU.

Grâce à des encadrants formés, les jeunes athlètes peuvent bénéficier d’un accompagnant performant dans leur cursus de formation.

Pour suivre l’évolution de l’athlète, la FFH a mis en place un sytème d’objectifs personnels à atteindre au fur et à mesure de son évolution physique. « Étape par étape, l’athlète sait ce qu’il doit réaliser comme performances pour atteindre le niveau au-dessus. C’est une donnée importante, car le nombre d’années de pratiques pour prétendre à participer aux Jeux Paralympiques est de plus en plus élevé. Il faut réussir à jalonner les efforts, ce qui implique de fonctionner sous forme d’escaliers : “Quel est mon prochain objectif ?“ » explique Sami EL GUEDDARI. Cette stratégie modélisée par la FFH a su donner satisfaction et aujourd’hui, une grande majorité des athlètes présents dans les collectifs seniors proviennent de la formation handisport.

« Cette stratégie a également engendré d’autres évolutions. Depuis 5 ans, nous sommes sur une politique de création de pôles jeunes nationaux et de pôles espoirs régionaux qui est croissante. Le Centre Fédéral Handisport, ouvert en 2011 au CREPS de Bordeaux-Aquitaine, accueillait le basket fauteuil, avant que la para natation et le para athlétisme ne les rejoignent en 2017 et où viendra s’y ajouter le para tennis de table en septembre 2019.

En parallèle, nous avons depuis 2014, un pôle espoir régional cyclisme à URT, un pôle espoir athlétisme à Saint-Cyr-sur-Loire, un pôle espoir basket fauteuil à Meaux, un pôle espoir tennis de table à Lille et un pôle espoir multisports à Albi. C’est une démarche qu’on a souhaité mettre en place pour améliorer les outils à disposition des athlètes. »

L’objectif majeur de la Fédération Française Handisport est de pouvoir proposer dans ces structures des séances d’entraînements quotidiennes, un logement, de la restauration et une structure scolaire générale et professionnelle avec, dans la mesure du possible, un établissement spécialisé sous forme de convention pour pouvoir accueillir tous les profils.

©B. LORINQUER – CPSF

Il faut prendre son temps mais ne pas perdre son temps”

Koen VAN LAN DEGHEM, entraineur collectifs nationaux para natation

Une formation vers l’excellence

Pierrick GIRAUDEAU le défend, « l’une des forces de notre fédération, c’est notre expérience multidisciplinaire. On dispose d’un regard assez large sur les offres de pratique sportive les plus adaptées à chaque sportif. Cela nous permet de disposer d’un savoir-faire pour orienter le jeune sportif vers le sport où il peut avoir le meilleur potentiel. Nous avons une spécificité par rapport au milieu valide : en fonction du handicap de l’athlète, celui-ci peut être orienté vers une autre discipline qui répond mieux à ses envies de pratique et / ou à sa pathologie”.

Pour orienter les jeunes sportifs vers la disciplines où ils seront les plus performants, les différentes commissions sportives ont un besoin de communication élevé. « Nous sommes en relation de façon hebdomadaire parce qu’il y a beaucoup de mouvements. Si l’on parle d’une évolution vers le haut niveau, on se doit d’être en complémentarité pour orienter nos jeunes de la meilleure façon possible » précise Jérôme HUMBERT avant d’ajouter : « Les jeunes vont très vite avoir une discipline de référence, être pris en charge par une commission, par le biais d’un directeur sportif et d’un référent jeune et ainsi basculer vers une pratique uni-disciplinaire.
Cet accompagnement étroit est un souhait de la Fédération. »

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Crédit photo : G Mirand / CPSF