26 février 2019

Portrait du mois : Christian FÉMY, patron du para ski et para snowboard

Directeur des para sports d’hiver de la Fédération Française Handisport depuis 2010, Christian FEMY chapeaute, entre autres, les équipes de France et la préparation des Jeux Paralympiques. Au lendemain des championnats du monde de para ski nordique et alpin , où la France a brillé par ses résultats, “Bab“, comme tout le monde le surnomme, a pris le temps de nous partager les secrets de la réussite…

Comité Paralympique et Sportif Français : Qui êtes-vous Christian Fémy ?

Christian FEMY : Je suis le directeur des sports d’hiver à la Fédération Française Handisport. Je suis arrivé en 2010 à la fédération, un peu par hasard , puisqu’avant j’entraînais les skieurs valides en France, mais aussi au Canada (J’ai la double nationalité…).

CPSF : Issu du milieu olympique, quelle a été ton approche pour amener les sportifs en situation de handicap au plus haut niveau ?

Christian FEMY : Mon approche est des plus simple, je considère le handicap comme un simple élément, une donnée factuelle dans la prise en charge globale de l’athlète. Je prends en compte les points forts et points faibles de ce dernier et adapte le travail à mener. Le dénominateur commun de l’entraînement entre un valide et une personne en situation de handicap ?…. C’est l’entraînement. Le perfectionnement dans le travail est mon leitmotiv et je conduis les athlètes à se dépasser, à se donner toujours plus et, qu’on se le dise, seul le travail permet d’atteindre des sommets.

CPSF : Les Championnats du Monde de para ski nordique viennent de se terminer à Prince George (Canada). Quel est le bilan de cette compétition ?

Christian FEMY : « Superbe ! Ce qui a été fait cette semaine par le para ski nordique est à l’image de ce qui a été réalisé par le para ski alpin en janvier et de ce qui est réalisé depuis maintenant 3 ans. On arrive à être parmi les meilleures nations en alpin, nordique mais aussi en snowboard.
Nous avons franchi une étape de plus avec le ski nordique. Nous avons une petite équipe dans un programme établi depuis 2013. Les bons résultats obtenus à PyeongChang n’ont pas été le fruit du hasard. Nous avons préparé cette compétition dans le même tempo que les derniers Jeux Paralympiques.
C’est une réelle satisfaction de voir des athlètes, avec qui l’on travaille dur, réussir ces mondiaux. Quand Benjamin (DAVIET) gagne cinq médailles d’or dans deux disciplines différentes (para biathlon & para ski de fond), c’est le résultat d’un travail technique et physique très bon. Les athlètes ont suivi le programme mis en place par le staff et tout cela paie aujourd’hui… C’est un motif de satisfaction.

Sur l’ensemble des coupes du monde où nos skieurs se sont présentés en 2019, nous avons obtenu des médailles et les résultats de ces mondiaux reflètent cette régularité, ils concrétisent par ailleurs le travail collectif réalisé pendant toute la saison, avec des athlètes au centre du projet.”

Christian FEMY distille ses conseils à Marie BOCHET

CPSF : Il y a quelques semaines, le para ski alpin obtenaient également de bons résultats. La dynamique du para ski français est incroyable ?

Christian FEMY : « Nous sommes très élitiste. Nous sommes partis avec cinq athlètes pour le ski alpin et trois du côté du nordique. Notre dynamique de groupe est vraiment axée sur le haut niveau : être sur place et donner le maximum. Nous avons amené deux nouveaux athlètes en ski alpin (Thomas CIVADE & son guide Kerwan LARMET et Manoel BOURDENX) qui n’avaient jamais fait d’épreuves mondiales mais qui avaient montré de bonnes choses auparavant. Nous ne nous sommes pas trompés puisque Thomas fait deux places de 4e, à quelques centièmes de la médaille pour sa première participation aux Championnats du Monde et Manoel fait 5e en descente, dans une course et une catégorie très relevée.
Ces petits groupes permettent de travailler rigoureusement, de s’entraider pour atteindre le haut niveau. C’est sûrement ça qui fait le succès actuel du para ski français.

CPSF : Comme les athlètes, le staff a également évolué depuis les Jeux Paralympiques de PyeongChang. Comment s’est passé le “passage de témoin“ ?

Christian FEMY : « Ce “passage de témoin” s’est très bien passé. Pour une grande partie d’entre eux, les nouveaux membres étaient déjà dans le milieu paralympique. C’est donc une évolution et non une révolution. Nous avons l’arrivée de nouvelles personnes gardant la même philosophie de groupe tout en y incorporant leurs propres outils et leurs propres convictions. La façon de parler aux athlètes, les gestes techniques, les exercices physiques peuvent varier mais nous avons toujours cet objectif commun : avoir des sportifs performants.

CPSF : Vous avez la charge du para ski alpin et nordique, mais également du para snowboard. Les Championnats du Monde débuteront fin mars à Pyha (Finlande). Quels sont les objectifs pour l’Équipe de France ?

Christian FEMY : « Les objectifs sont exactement les mêmes que pour les alpins ou les nordiques. Nous allons envoyer une petite délégation pour les mondiaux et les sportifs devront, le jour J, montrer ce qu’ils sont capables de faire. S’ils font une médaille, tant mieux, s’ils n’en font pas ce n’est pas grave dès lors qu’ils sont allés au bout d’eux-mêmes.
La difficulté pour le para snowboard, c’est le nombre bien inférieur de compétitions par rapport à l’alpin ou le nordique. Les repères sont donc difficiles à trouver, mais les entraînements sont de qualité et nous verrons bien où se situe ce groupe par rapport aux autres nations.

CPSF : Christian, nous te laisserons le mot de la fin…

Christian FEMY : « Merci. Il est vrai que j’interviens souvent pour prendre la parole, mais n’oublions pas que nous avons derrière, une équipe d’encadrement totalement dévouée. Nos entraîneurs, nos techniciens, notre équipe médicale… Tous ne comptent pas leurs heures pour que les athlètes soient les plus performants possibles. Les résultats actuels sont le fruit d’un travail collectif et il faut vraiment féliciter l’ensemble des acteurs.

Crédit photo : G.Picout / CPSF