23 septembre 2019

Portrait du mois : Charles DELVAL, conseiller sportif de la FF Aviron

Charles DELVAL est le conseiller sportif de la Fédération Française d’Aviron. Depuis octobre 2016, il est également le chef du secteur para aviron. Avec Frédéric DOUCET et Loïc MARIAGE comme entraîneurs et Hélène GIGLEUX sur la partie développement, Charles DELVAL est fier d’oeuvrer, en équipe, pour la performance du para aviron français. Rencontre…

Comité Paralympique et Sportif Français : Aujourd’hui, en tant que chef du secteur para aviron et entraîneur national, quelles sont les missions qui te sont confiées par la Fédération Française d’Aviron ?

Charles DELVAL : « Ma principale mission est de faire en sorte que le groupement para aviron performe, notamment lors des Championnat du Monde ou les Jeux Paralympiques. Pour y arriver, je travaille avec deux entraîneurs et une collègue qui est en charge du développement et de la classification au sein de la fédération.

Nous avons axé une partie de notre travail sur la détection pour pouvoir trouver, à la fois des nouveaux athlètes et pour amener de la densité dans le groupe existant. »

CPSF : La Fédération Française d’Aviron a lancé une campagne de recrutement en début d’année 2019, tout en accompagnant le Comité Paralympique et Sportif Français dans son programme de détection “La Relève“.  La détection est-elle un enjeu fondamental pour la Fédération Française d’Aviron ?

Charles DELVAL : « C’est incontournable de pouvoir communiquer sur notre discipline, sur le handicap et d’aller chercher de nouveaux talents !

Notre objectif, via la campagne de promotion « toi aussi, deviens un champion », est de communiquer auprès de nos licenciés, de nos clubs car il y a une méconnaissance du para aviron, mais aussi de communiquer sur le handicap minimum pour être éligible à la pratique tout en s’appuyant sur les différents réseaux, les partenaires, le corps médical et paramédical.

Cette campagne a fait écho au programme de détection La Relève; lancé par le CPSF. Sans les athlètes, nous ne pouvons pas densifier notre pratique. En France, nous avons peu d’athlètes et pour nous, ce genre de programme nous permet de “construire” de nouveaux bateaux, des bateaux collectifs. On peut avoir le meilleur rameur du monde, si l’on n’a pas de partenaire à associer, le bateau ne sera pas performant.

Malgré tout, nous avons quand même une structuration en France, avec des Championnats de France ou des critériums, des épreuves qui offrent une possibilité de pratique.

J’aimerais souligner le lien qui est fait avec le CPSF et ses journées La Relève. Avec les contacts que l’on peut avoir auprès des autres disciplines, il y a plus de cohésion et de communication entre les fédérations. Nous sommes tous orientés vers les projets sportifs paralympiques, que ce soit à l’horizon 2020 ou 2024. Ce programme nous permet de créer du lien interdisciplinaire, de favoriser le partage des bonnes pratiques et d’expertise »

CPSF : Quels sont les premiers résultats de ces phases de recrutement ?

Charles DELVAL : « Je n’ai pas encore de chiffres à annoncer mais je sais que notre campagne « toi aussi, deviens un champion » nous a permis de toucher des potentiels nouveaux pratiquants. À tel point que nous arrivons même à manquer de matériels pour les initiations… c’est donc très positif ! Notre objectif est d’écouter les personnes, de connaître leur pathologie, leur situation géographique pour les orienter vers une activité qui correspond à leurs envies et dans des clubs proches de chez eux.

Nous savons très bien que tous ne seront pas des champions mais l’idée et de leur proposer une pratique, du bien-être et pourquoi pas, amener de la concurrence pour les profils qui pourront faire de la compétition. »

Charles DELVAL à l’étape La Relève de Bordeaux | ©G.MIRAND – CPSF

CPSF : Quelles vont être les prochaines étapes pour les premiers profils détectés ?

Charles DELVAL : « Même si nous en sommes encore au début du programme, il y a eu quelques profils intéressants et nous avons pu les inviter sur des stages et pour certain-e-s sur des regroupements des équipes de France. »

CPSF : De retour des Championnats du Monde à Linz, quel est le bilan pour le para aviron français ?

Charles DELVAL : « C’est un bilan plutôt positif, on s’attendait vraiment à avoir de la concurrence et nous avons répondu présent. À l’issue de ces Championnats du Monde, nous qualifions trois bateaux sur quatre pour les Jeux Paralympiques de Tokyo l’été prochain.

Seul Julien Hardy en solo (PR1) ne s’est pas qualifié mais sans surprise car Julien est encore jeune dans la discipline.

Pour le quatre barré, il y a eu une grosse concurrence. Notre bateau recule un peu au classement mondial.

La nouvelle association Perle Bouge – Christophe Lavigne a fonctionné avec une belle médaille de bronze à la clé. Ils ont de grandes chances de viser un podium aux Jeux.

Nathalie Benoist a fait un retour remarqué en accrochant une belle médaille d’argent. Nathalie est une ancienne rameuse qui avait participé aux Jeux Paralympiques de Londres, elle avait également été Championne du Monde en 2010. Je me suis rendu compte que dans sa catégorie, il y avait une carte à jouer. Je l’ai donc contactée pour un projet d’au moins deux ans et comme elle aime les défis, elle est revenue dans le circuit. L’objectif cette année était de qualifier le bateau à Tokyo pour pouvoir travailler plus fort l’an prochain. Dès cette année, elle a performé et est devenue vice-championne du monde. Retour gagnant qui augure de bonnes choses pour la suite. » 

CPSF : D’autres événements pourront-ils apporter de nouveaux quotas à la France ?

Charles DELVAL : « Il existe des régates continentales mais nous ne pouvons pas y participer parce que la France a déjà qualifié des bateaux. Il ne restera donc qu’une régate mondiale où il n’y aura qu’un seul quota pour Julien HARDY dans sa catégorie. Cela va être compliqué mais il faut garder à l’esprit que Julien a débuté il y a très peu de temps; il a moins de deux ans de pratique néanmoins il a déjà battu notre meilleur français qui était déjà sur la scène internationale depuis un certain temps. Pour moi, Julien est quelqu’un qui a du talent, du potentiel mais avec une orientation pour Paris 2024. »

©FF Aviron

CPSF : Quelle est l’objectif de la Fédération Française d’Aviron pour Paris 2024 ?

Charles DELVAL : « L’objectif sera forcément de performer chez nous, nous avons déjà commencé à travailler sur ce sujet. Nous avons quelques jeunes athlètes qui visent les Jeux de Paris et travaillent pour cette échéance.

Nous avons également des transferts de disciplines qui se sont mis en place et que l’on va essayer de continuer d’alimenter. Pour le moment c’est plutôt en faveur du para aviron. Je pense notamment à Élodie LORANDI, ancienne para nageuse, qui a arrêté la natation pour s’essayer au para aviron et qui, dès la première année, a été médaillée mondiale. Aujourd’hui, Élodie fait partie du bateau à quatre qui s’est qualifié pour les prochains Jeux Paralympiques.

On travaille aussi avec Élise MARC, athlète issue de la Fédération Française de Triathlon. J’étais en lien avec Nicolas Becker (entraîneur de l’équipe de France de para triathlon) et l’on évoquait nos “besoins” d’athlètes selon les différentes catégories et c’est là qu’il m’a parlé d’Élise, parce que sa catégorie n’était plus représentée aux Jeux. C’est une acharnée de travail et nous l’avons tres rapidement intégrée dans nos effectifs. Dans un premier temps au sein du quatre barré mais, au vue de sa classification (PR2), c’était un peu compliqué pour elle. Nous continuons de travailler avec Élise pour apporter de la concurrence au sein du groupe France et qu’elle puisse s’épanouir dans un projet sportif adapté. »

CPSF : Pour les trois bateaux qualifiés, qu’elles vont être les futures étapes jusqu’aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 ?

Charles DELVAL : « La préparation est déjà bien amorcée. Nous avons un stage au mois d’octobre puis un stage en décembre. À partir du mois de janvier 2020, nous nous retrouverons au moins 10 jours par mois jusqu’à Tokyo.

Nous avons une période compétitive sur les mois d’avril, mai et juin pour finir sur une période très dense de travail entre juillet et août, juste avant de partir à Tokyo. »

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