30 janvier 2019

Portrait du mois : Bopha KONG (para tækwondo) : “aller chercher ce quatrième titre mondial”

Avant de s’envoler pour la Turquie et les Championnats du Monde de para tækwondo qui auront lieu à Antalya les 5 & 6 février, Bopha KONG a pris quelques minutes pour nous parler de lui … Rencontre !

CPSF : Les Championnats du Monde de para tækwondo sont dans quelques jours. L’objectif est d’aller reconquérir ce titre mondial ?

Bopha KONG : « Oui, l’objectif est clairement d’aller gagner ce quatrième titre après l’échec des derniers mondiaux. Un objectif s’y ajoute, celui d’aller chercher la qualification pour les prochains Jeux Paralympiques. C’est donc un rendez-vous important mais je me suis bien préparé et les derniers réglages sont en cours avant le départ pour la Turquie. »

CPSF : Tu parles d’échec lors des derniers mondiaux mais tu as battu l’espagnol Alejandro Vidal Alvarez, Champion du Monde en titre, lors des Championnats d’Europe à Sofia. Ce succès t’a donné de la confiance durant la préparation ?

Bopha KONG : « Ce titre m’a effectivement donné de la confiance d’autant plus que je l’avais déjà battu lors des IWAS World Games au Portugal. Nous sommes revenu de ces compétitions avec une nouvelle détermination.  Suite à l’échec des mondiaux, nous avons vraiment cherché les détails qui n’allaient pas, essayé d’améliorer mes défauts et bien entendu nous avons travaillé sur mes qualités. J’ai mis toutes les chances de mon côté pour avoir la meilleure préparation possible. »

CPSF : Il y a une partie de l’entrainement qui se passe sur les tatamis, une autre au médical… comment gères-tu ces journées de préparation ?

Bopha KONG : « Il y a forcément une partie combat avec la répétition des gammes mais pas que… la préparation physique tient un rôle important, les soins médicaux sont aussi primordiaux pour la récupération ou pour soigner les douleurs.

Maintenant à 37 ans, j’ai quelques blessures derrière moi qui peuvent ressurgir, donc il faut vraiment être vigilant. J’apporte de plus en plus d’importance à cette notion de prévention des blessures. »

J’ai découvert Bopha en 2009. Dès le début, il avait beaucoup de talent, de potentiel mais il n’avait jamais fait de compétitions internationales.
Jusqu’en 2015, la discipline n’était pas celle qu’elle est aujourd’hui. Il y avait peu de compétitions, il fallait donc trouver les ressorts nécessaires pour garder la motivation. Depuis l’intégration du para tækwondo aux Jeux Paralympiques, tout s’est accéléré : le rythme des entrainements, les compétitions, le niveau des concurrents…
Bopha est un athlète de haut vol qui réalise de très belles performances en compétition. Ces résultats sont le fruit d’un énorme travail au quotidien. C’est quelqu’un de perfectionniste, d’extrêmement impliqué dans tout ce qu’il fait, donc nous ne sommes pas surpris.

Oury STANZMAN, entraineur national en charge du para tækwondo

CPSF : Tu as un palmarès impressionnant dans ta discipline. Comment tout cela à commencé ?

Bopha KONG : « Dans les années 2000, il n’y avait pas de para tækwondo. Avant mon accident, je pratiquais la boxe anglaise, je faisais de la musculation, ou encore de la course à pied.

À la suite de cet accident, je voulais pratiquer de nouveau un sport, de préférence un art martial. J’ai découvert le para tækwondo, qui est le plus adapté à mon handicap car on n’utilise que les jambes et je me suis dit : “Allez pourquoi pas“. Mes débuts ont été difficiles car j’étais encore en centre de rééducation avec des doses de médicaments importantes qui me rendaient souvent malade. Mais j’avais cette envie d’aller m’entraîner. C’est devenu une passion, sans objectif de compétitions, juste ce plaisir de faire du sport, de me sentir bien. C’est ensuite que l’on m’a proposé de faire des compétitions avec les valides, même si cela n’était pas autorisé en France, compétitions pour lesquelles j’ai réussi à avoir de bons résultats.

C’est en 2009, à Baku en Azerbaïdjan, qu’ont eu lieu les premiers Championnats du Monde de para tækwondo. C’était ma première fois en Équipe de France, ma première grande compétition et je l’ai remportée. »

CPSF : Tu as commencé à pratiquer cette discipline suite à ton accident… Qu’est-ce qu’elle t’a apporté au quotidien ?

Bopha KONG : « Le tækwondo m’a apporté des valeurs comme le respect, la confiance, le dépassement de soi. Je suis un compétiteur donc les challenges et l’adrénaline sont des choses qui m’attirent et le tækwondo m’a permis de découvrir des sensations uniques. »

CPSF : Le CPSF a lancé son programme de détection nommé “La Relève“. Quel message aimerais-tu faire passer à des jeunes qui hésiteraient à tenter l’aventure ?

Bopha KONG : « De prendre le temps de trouver son sport, celui qui fait vibrer. Ensuite, il faut foncer, ne rien lâcher. Même s’il y a des échecs, il faut persévérer car cela fait partie de l’apprentissage, de la vie. Avoir un rêve c’est beau, mais il n’y a rien de mieux que de le réaliser. »