Les 9 et 10 juin prochains se tiendront les Championnats de France Open d’Athlétisme dans l’enceinte du mythique Stade de Paris Charléty, étape importante sur la route des Championnats du Monde à Doha au Qatar.
Spectacle sportif à dimension nationale et internationale dédié à la performance, Paris Charléty sera également le théâtre d’un village destiné à sensibiliser le grand public, à travers des animations, démonstrations, initiations et beaucoup d’échanges autour des différentes pratiques handisport.
Parmi les têtes d’affiches de ce grand rendez-vous, Timothée Adolphe, double champion d’Europe en 2014. Rencontre avec ce sportif en plein devenir…
Si tu devais te décrire en quelques mots ?
Je dirais que je suis quelqu’un de tenace, déterminé, persévérant, réservé et humble.
Que représente la pratique de l’athlétisme pour toi ?
Pour moi, c’est la passion, l’évasion et pouvoir repousser mes limites en permanence. Je suis sur une moyenne de 18 à 25h d’entraînement par semaine selon les cycles et les périodes de l’année.
Depuis quand pratiques-tu et quand as-tu rejoint l’équipe de France ?
J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de 11 ans, juste après les Jeux Paralympiques de Sydney en 2000 où j’avais pu voir quelques images à la télévision avec mes parents. C’est à ce moment précis où je me suis dit que c’était quelque chose de possible à une époque où le handisport était très peu médiatisé. Je me suis rapproché du club de Guyancourt (Yvelines) qui n’avait aucune expertise en matière de handisport mais qui était tout à fait prêt à m’accueillir. Au départ, je concourais en valide et à vrai dire tout ce qui importait était que je puisse pratiquer comme n’importe quel autre enfant. A 14 ans, suite à un déménagement, je n’ai pas retrouvé de structure ayant la volonté d’accueillir des déficients visuels, j’ai donc dû mettre ma pratique entre parenthèse. Mais mon amour pour l’athlétisme a refait surface lors de mon retour à Paris et c’est là que mon aventure au PUC (Paris Université Club) avec mon coach Arthémon Hatungimana a débuté… Jusqu’à mon intégration en Equipe de France handisport en 2012 pour les Championnats d’Europe et les Mondiaux IPC de Lyon en 2013 qui restent à l’heure actuelle ma plus grande compétition internationale avec les Bleus…
Tu as parcouru beaucoup de chemin depuis… Double Champion d’Europe en 2014 à Swansea, quels ont été tes meilleurs souvenirs de cette aventure ?
Swansea a été une étape importante, riche en émotion et en apprentissage. Je fais une très bonne entrée en matière en battant mon record personnel sur 100m avant d’être disqualifié sur faux-départ en finale alors que nous étions annoncés favoris avec mon guide Cédric Felip. C’est quelque chose de très difficile à vivre et à encaisser, mais il fallait se remobiliser rapidement et faire abstraction parce que nous avions le 200m le lendemain et avions à cœur de montrer ce que nous valions vraiment, mouiller le maillot et prouver qu’on pouvait nous faire confiance. Remporter le titre sur ce 200m restera mon meilleur souvenir. Une course serrée, un tour d’honneur magique, mon premier titre international… Notre victoire sur le 400m fut une grande satisfaction mais n’a pas eu la même saveur. Puis la médaille avec le relais français… Beaucoup d’émotions pour moi en quelques jours, j’étais vraiment perdu (rire) ! Ce qui m’a également marqué est la place accordée au handisport au Pays de Galles… Quel que soit le temps, les spectateurs sont présents, la télévision retransmet les compétitions, les classifications sont expliquées… Je m’y suis vraiment senti considéré comme sportif avec un handicap et non pas comme une personne en situation de handicap qui fait du sport, comme ça a plus tendance à l’être en France.
La relation athlète/guide est très importante… Peux-tu nous en parler ?
Je cours avec Cédric Felip mais aussi Dérick Ondée et Julien Curabet. Ils ont chacun une place spécifique sur mon entraînement, Dérick sur l’aérobie, Julien sur le lactique, Cédric sur le sprint. Mes relations avec eux sont avant tout des relations amicales, presque fraternelles. Ce qui est essentiel à mes yeux (sans aucun jeu de mots – rire) c’est la complicité et la confiance. Sans cela, ça ne peut pas fonctionner, ou pas sur du long terme.
Les championnats de France Open auront lieu les 9 et 10 juin à Charléty, qui est également ton lieu d’entrainement avec le PUC, qu’attends-tu de cette compétition ?
Je serai aligné sur le 100-200-400m et sur le relais. J’attends de cette compétition un moment très convivial où j’aurai à cœur de faire de belles “perfs” à domicile et surtout confirmer celles de ce début de saison devant mes proches. Cela va être également l’occasion de voir où j’en suis en étant confronté aux athlètes étrangers qui seront aussi de la fête !
Penses-tu déjà aux Championnats du Monde au Qatar et aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016 ? Quels sont tes objectifs ?
Doha, c’est évident avec l’objectif d’atteindre la plus haute marche du podium ! La saison est longue c’est vrai, mais c’est la grande compétition que nous préparons. Les Jeux Paralympiques de Rio, c’est sûr que nous y pensons mais il ne faut pas brûler les étapes. D’abord il faudra faire de beaux et bons championnats du monde et après il sera temps de mettre le cap sur Rio…
Dans quel état d’esprit es-tu avant et après une course ?
Avant une course je dirais que ça dépend de beaucoup de choses (moral, état de forme, enjeux…) mais la concentration est là dans toutes les circonstances.
L’après bien souvent, ça dépend du résultat !
BIOGRAPHIE
Age : 26 ans, né le 29 décembre 1989 à Versailles
Club : Paris Université Club
Handicap : Déficient visuel
Profession : Etudiant
PALMARES
2014
Double champion d’Europe sur le 200m et 400m
Médaillé de bronze sur le relais 4x100m
2013 Championnats du Monde IPC à Lyon
Médaillé de bronze sur le 400m
Lien : Fédération Française Handisport
© Luc Percival – Championnats d’Europe Swansea 2014
F-Pervillé