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Le message de Michaël Jeremiasz : “On n’a qu’une vie, venez kiffer avec nous !”

À quelques jours du début des Jeux Paralympiques de Paris 2024, Michaël Jeremiasz, chef de mission de la délégation française paralympique, dévoile les coulisses de l'événement. Le champion paralympique de tennis fauteuil se confie sur son rôle, mais aussi sur l’état d’esprit des para athlètes avant la cérémonie d’ouverture, ce 28 août.

CPSF : Le CPSF vous a nommé chef de mission, qu’est-ce que ce rôle représente pour vous ?

Michaël Jeremiasz : Une grande fierté, un immense honneur… je dois avouer que j’ai été agréablement surpris quand on m’a confié cette mission, car, par le passé, elle était plus administrative, plus logistique. Aujourd’hui, être chef de mission, c’est avant tout être ambassadeur et porte-parole du mouvement. Notre crédo est de mobiliser la société autour des Jeux Paralympiques : les entreprises, les médias… C’est un travail permanent !

CPSF : Vous avez été au plus proche des para athlètes, dans quel état d’esprit sont-ils ?

MJ : Ils sont surexcités, impatients, comme des petites puces ! C’est quelque chose d’extraordinaire pour eux. Il faut se dire que la moitié des para athlètes français vont vivre leurs premiers Jeux, à la maison… c’est magique ! Il y a l’envie de bien faire, évidemment, et un peu de pression, c’est normal.

CPSF : Justement, en tant qu’ancien champion, quels conseils pouvez-vous donner à ces nouveaux paralympiens ?

MJ : S’il y a bien une chose qui est essentielle, c’est d’écouter les aînés. Au début, tout est fou. Le premier mail, le premier stage avec les collègues, l’arrivée dans le village… Ce sont des moments uniques, il faut se nourrir de ça, mais sans se perdre. Ils se sont entraînés des années pour le jour J et, sous prétexte de la grandeur de l’évènement, il ne faut pas passer à côté ! C’est là toute la complexité des Jeux Olympiques et Paralympiques : profiter de toute cette passion, vivre à 100 %, mais sans oublier la performance !

CPSF : C’est la première fois que la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques n’est pas dans un stade, comment avez-vous préparé cela ?

MJ : J’ai beaucoup milité pour que cette cérémonie soit en extérieur. On a travaillé avec Alexander (Ekman, metteur en scène de la cérémonie des Jeux Paralympiques, nldr) sur les chorégraphies, sur l’esthétique de cette cérémonie. Je suis extrêmement impatient de voir le rendu, ça va être un spectacle inédit, comme la cérémonie des JO, qui marquera l’histoire par sa beauté, mais, surtout, son message. En tant que chef de mission, j’aurai la chance d’être dans l’arène et je vais en profiter à fond… ce sera beaucoup d’émotion.

CPSF : Plus de 1,5 million de billets ont été vendus, vous disiez viser les 2,7 millions de Londres 2012, c’est possible ?

MJ : C’est toujours possible, tout dépendra de notre capacité à accélérer dans les jours qui viennent (sourire). J’espère que le public sera pris de passion pour le parasport, car c’est hyper impressionnant de voir des sportifs performer dans leur discipline. Aujourd’hui, on a dépassé les 1,8 million de billets vendus, mais l’objectif n’est pas vraiment de faire mieux que Londres 2012, c’est avant tout de remplir les salles pour encourager nos para athlètes, leur offrir l’ambiance qu’ils méritent. Et puis, on a vendu plus de 10 millions de places aux JO, il n’y a rien qui justifie qu’on en vende cinq fois moins pour les Paralympiques !

CPSF : On attend un public bouillant sur de nombreuses épreuves, comment se préparer à cet accueil quand on est à athlète ?

MJ : Pour la grande majorité des athlètes, ce sera une première. C’est une préparation mentale avant tout, mais il y a toujours une part d’inconnu. Il faut se dire qu’on va se servir de cette ferveur comme d’une force, que cela va nous pousser, mais c’est propre à chacun.

CPSF : Comment profiter de la visibilité des Jeux Paralympiques pour sensibiliser au parasport ?

MJ : C’est justement la raison première de mon engagement : les Jeux Paralympiques ont une utilité politique et sociale avant tout ! Pour cet évènement, toutes les fédérations, tous les comités sont investis comme jamais. On a jamais eu autant d’accompagnement, d’investissement, d’engouement… Avec les Jeux Paralympiques, on veut essayer de faire changer les regards, de promouvoir le vivre-ensemble : banaliser la différence. Je suis certain que tout va bien se passer pendant l’évènement et que ce sera une grande fête… mais c’est aussi l’après qui compte. On espère que tout va s’accélérer après les JP et qu’on va devenir, aux yeux de tout le monde, des citoyens à part entière.

CPSF : Cet après Jeux Paralympiques, comment le préparer ?

MJ : On y réfléchit et on s’y prépare depuis des années. Il ne faudra pas relâcher les efforts et convaincre les médias, les entreprises partenaires de ne pas se désengager, garder cet attrait pour le para-sport et accompagner ceux qui veulent se lancer.

CPSF : Enfin, qu’avez-vous à dire au public à quelques jours du début des Jeux Paralympiques ?

MJ : Je plagierai la promesse des Jeux Paralympiques de Londres 2012 : “Venez avec vos différences et repartons avec nos ressemblances”. Mais surtout, on n’a qu’une vie et venez kiffer avec nous ! Faites-nous confiance, ça va être une grande fête !