La Boccia française qualifiée pour Tokyo !
La boccia française (catégorie BC3) s’est qualifiée pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 avec en prime un titre européen. Une performance aussi inédite que magnifique que nous raconte Sophie TERNEL, directrice sportive de la Commission Boccia au sein de la FF Handisport.
Comité Paralympique et Sportif Français : Quelles sont les principales missions qui te sont confiées au sein de la Fédération Française Handisport ?
Sophie TERNEL : “Dans ce poste de directrice sportive à la Fédération Française Handisport, où je suis salariée depuis avril 2017, j’ai une mission assez large autour du “grand handicap”. Il est vrai que c’est un public que l’on touche beaucoup en Boccia et j’ai toujours exprimé beaucoup d’intérêt pour ce public : parce que le haut niveau est possible et parce qu’en termes de développement, nous avons une marge de progression énorme dans le recrutement de nouveaux pratiquants et sur le développement des disciplines pour ce public-là.”
CPSF : Lors de notre dernier entretien, nous étions avec un public plus jeune. Comment gères-tu les différentes catégories avec lesquelles tu travailles ?
Sophie TERNEL : “Même si je suis directrice sportive, j’entraîne actuellement les jeunes sur le dispositif “Jeunes à potentiel“, déployé par la Fédération Française Handisport. J’ai donc un rôle et un relationnel direct d’entraîneur-joueur, ce qui n’est pas le cas avec les joueurs du collectif sénior. Quand je me déplace sur une compétition internationale, j’ai un poste de team manager, le rôle est tout à fait différent : très en communication avec le Head coach et les entraîneurs référents ; fixer le cadre où chacun connaît sa responsabilité et mission, tout en se concentrant sur notre confiance et solidarité mutuelles pour aller chercher les podiums. Je reste tout de même proche des joueurs pour m’assurer de leur bien-être au sein du groupe et comprendre régulièrement les points d’amélioration techniques et organisationnels”
CPSF : De retour depuis quelques semaines du Championnat d’Europe, quel est le bilan ?
Sophie TERNEL : “L’objectif était de faire un podium. On ambitionnait même le titre car je savais qu’on avait la capacité de le faire. Cet objectif est atteint voire même plus ! C’est une belle réussite pour les joueurs, les assistants et les entraîneurs qui ont aussi oeuvré, alors qu’ils sont bénévoles. Ils ont donné beaucoup de leur temps cette année pour essayer de performer dans ce Championnat d’Europe. Le travail a payé et ils ont décroché leur ticket pour les Jeux Paralympiques de Tokyo, c’est incroyable !
Pour la Boccia française et le grand handicap en général, c’est une avancée majeure parce que l’on prouve que ce public-là peut entrer dans la cour des grands en participant aux Jeux Paralympiques. Cela fait dix ans qu’on en est persuadé mais fallait-il encore concrétiser ces espérances… C’est une très belle réussite pour la Boccia française.
CPSF : Que représente cette qualification à Tokyo pour la Boccia française ?
Sophie TERNEL : “J’ai le sentiment que les choses peuvent s’accélérer. C’est la règle et je la respecte, tant qu’on n’obtient pas de titre majeur, le travail et l’investissement pas à pas, doivent être le maître mot pour atteindre celui-ci. Quand on arrive à cette performance, c’est un vrai catalyseur !
La préparation va pouvoir, je l’espère, être plus soutenue en cohérence avec les exigences du haut niveau.”
CPSF : Ce quota qualifie les joueurs ayant remporté ce championnat européen ou s’agit-il d’un quota pour la catégorie BC3 ?
Sophie TERNEL : “Ce titre permet à une paire BC3 française de se qualifier directement aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020. Cette qualification n’est pas nominative.”
CPSF : D’autres compétitions permettront-elles de qualifier de nouveaux athlètes français pour le tournoi paralympique de Tokyo en 2020 ?
Sophie TERNEL : “Pour les autres catégories françaises, le projet était et reste Paris 2024 parce que la paire BC3 a été engagée un peu plus tôt dans une stratégie de performance. Le circuit Boccia étant assez exigeant, les deux autres catégories n’étaient pas sur le projet Tokyo 2020.
En ce qui concerne la paire BC3, il n’y a qu’une paire par pays possible lors des Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020.”
CPSF : Quelles vont être les futures échéances pour les athlètes BC3 ?
Sophie TERNEL : “Ils vont continuer de suivre leur calendrier d’entraînement avec en point d’orgue, un Open mondial au Portugal fin octobre. À la base, cette compétition devait être notre dernière chance pour nous hisser au plus haut niveau du classement mondial mais avec ce titre, quoi qu’il en soit nous sommes qualifiés pour Tokyo.”
CPSF : Le programme de préparation est-il déjà connu ?
Sophie TERNEL : “C’est dans la continuité de ce qui a pu se réaliser sur l’année 2019. Dans quelques semaines, on va se réunir deux jours à Cambrai avant de prendre l’avion pour le Portugal. Ce format de stage de pré-compétition va être renouvelé durant l’année 2020. C’est le format le plus efficace pour nous actuellement ! Pendant la période estivale nous allons essayer de réaliser deux regroupements d’environ 6 jours pleins, en plus des stages courts pendant l’hiver. La préparation a pu évoluer en 2019, grâce aux moyens fédéraux supplémentaires obtenus, ce qui a été aussi un déterminant fort pour obtenir ce titre. Le projet est de poursuivre dans cette lignée, pas à pas, avec un objectif de médaille à TOKYO : ambitieux surement pour beaucoup, mais possible pour nous.”