Handi-Aviron, une pratique en pleine expansion
La Fédération Française d’Aviron (FFA) a été créée en 1890 et fut l’une des premières fédérations sportives. Elle regroupe 404 clubs en France répartis sur tout le territoire aussi bien sur les rivières, les canaux, les lacs mais également en mer. La FFA comptait 43 000 licenciés et plus de 100 000 pratiquants en 2013.
L’handi-aviron est un sport porté qui nécessite au minimum l’usage du haut du corps. Idéal pour améliorer forme physique, force, mobilité et résistance à la fatigue, l’aviron permet de mieux maîtriser son corps et de développer de nouveaux savoir-faire (physique, psychologique et social). Il est accessible aux personnes présentant un handicap physique (paraplégie, amputation tibiale, fémorale ou d’un bras, sclérose en plaque ou souffrant d’arthrodèse), visuel ou mental.
Pour la compétition, on recense 3 catégories de handicap :
– AS (bras/épaules) pour les personnes en fauteuil n’ayant pas l’usage de leurs abdominaux ;
– TA (bras/tronc) pour les personnes en fauteuil avec l’usage des abdominaux ou ayant un problème aux jambes ;
– LTA (jambes/tronc/bras) pour les personnes capables d’utiliser bras et jambes : amputées, ayant une arthrodèse ou subi un traumatisme (sur un bras, une jambe, au dos, à la hanche…) et les malvoyants (B1, B2, B3).
Ces catégories sont calquées sur les catégories internationales et il n’en existe pas actuellement pour le handicap mental au niveau mondial. A noter que les pratiquants « handi-aviron » sont licenciés à la Fédération Française d’Aviron et doivent se soumettre au règlement de sécurité de la FFA et donc savoir nager.
Entretien avec Hélène Gigleux (Conseillère Technique Nationale chargée du développement handi-aviron) et Michel Colard (Coordonnateur de l’équipe de France handi-aviron)
Depuis quand la Fédération accueille-t-elle des personnes en situation de handicap ?
La FFA a commencé à développer la pratique de l’handi-aviron dès 2003, suivant l’impulsion de la Fédération Internationale des Sociétés d’aviron et l’ajout de courses d’aviron au programme des Jeux Paralympiques de 2008. La priorité a donc été de former des sportifs de haut-niveau dès les débuts de la pratique handi-aviron tout en développant la pratique de loisir en parallèle. Actuellement, 593 personnes en situation de handicap pratiquent dans les clubs d’aviron français.
Quelles sont les adaptations mises en place pour ce public ?
Il existe des bateaux « adaptés » pour les catégories AS et TA. Ils sont plus larges que les bateaux traditionnels avec un fond plat, ce qui les rend plus stables pour éviter tout chavirage. Des flotteurs sont également ajoutés pour renforcer la sécurité. De nombreuses adaptations (fixation des chaussures, assises en mousse, adaptation d’un fauteuil, poignées moulées à la forme de la main…) sont possibles pour améliorer l’installation des rameurs et apporter un maximum de confort en fonction des handicaps. Les prix restent accessibles comparés aux bateaux d’aviron utilisés par les valides.
L’initiation se fait en bateau individuel ou en bateau à deux rameurs avec un guide qui peut assurer la direction et l ‘équilibre. En fonction de la classification (AS, TA ou LTA), les compétitions ont lieu en bateau individuel (AS), à deux rameurs (TA) ou à quatre rameurs (LTA).
Comment la Fédération Française gère-t-elle l’Handi-Aviron ?
La FFA continue de travailler pour rendre la pratique de l’aviron accessible au plus grand nombre de personnes en situation de handicap. Voici les axes de développement qui ont été définis :
1/ Continuer à faire connaître la discipline auprès des publics en situation de handicap
2/ Valoriser le rôle du correspondant « handicap » dans chaque région
3/ Former les encadrants
La sensibilisation au handicap des encadrants se fait par l’intermédiaire de la formation fédérale « Educateur handicaps » et du Certificat de Qualification Handisport (CQH) proposé par la Fédération Française Handisport (FFH) et la Fédération Française d’Aviron (FFA).
4/ Développer la pratique compétitive
Afin d’encourager la pratique de la compétition pour les personnes handicapées, il est important de structurer l’offre de compétition jusqu’à l’accession au haut-niveau. Les compétitions régionales intègrent progressivement des épreuves pour les handi. Celles-ci viennent compléter l’offre sportive au niveau national.
5/ Organiser plusieurs événements « Aviron et Handicaps »
En parallèle de toutes ces actions de développement, la FFA organise 5 grands rendez-vous nationaux « Aviron et handicaps » sous la forme :
– De compétitions nationales : un championnat de France en bateaux individuels, un critérium national en bateaux collectifs, un championnat de France « aviron indoor » (ergomètre d’aviron).
– D’un Challenge adapté jeunes rameurs qui propose aux ligues d’organiser des épreuves pour les centres accueillant des jeunes handicapés mentaux. Ce challenge peut être organisé au niveau départemental ou régional. Il comprend plusieurs étapes (2 à 4) qui permettent de rythmer la saison et de donner des objectifs aux sportifs en situation de handicap. La meilleure équipe régionale est qualifiée pour participer à la finale nationale « Grand Challenge » ;
– D’un Challenge indoor « Aviron et Handicaps » les établissements accueillant des personnes déficientes intellectuelles (IME, SESSAD, ESAT…) réalisent l’épreuve de sélection dans le club d’aviron le plus proche. Les 16 meilleures équipes de France sont qualifiées pour la finale nationale qui a lieu en même temps le championnat de France d’aviron indoor.
6/ Susciter l’envie de se lancer dans le projet du haut-niveau handi-aviron
Cet objectif implique les sportifs mais également les clubs et les encadrants. L’épreuve d’aviron indoor permet de tester les capacités physiques des personnes en situation de handicap, même sans savoir ramer. Les personnes intéressées par la compétition sont ensuite invitées à participer à quelques jours de stages en bateau pour découvrir l’aviron de haut-niveau et ses exigences.
Des supports de communication sont en cours de création pour faire connaître l’handi-aviron et sa pratique compétitive.
7/ Former des sportifs de haut-niveau handi-aviron
La France est présente sur les podiums internationaux depuis 2009. Le niveau international monte et les exigences du haut-niveau handi se rapprochent de celles du haut-niveau valide. Les rameurs handi-aviron s’entraînent quotidiennement et sont régulièrement regroupés en stage national pour préparer les équipages qui seront présentés aux championnats du monde. La FFA gère également le suivi médical et le suivi socio-professionnel des athlètes handi-aviron.
Vos objectifs à courts, moyen et long terme
Les objectifs sont de faire connaître la pratique handi-aviron à un plus grand nombre de personnes, de permettre à ceux qui le souhaitent de participer à des compétitions régionales et nationales ainsi que de recruter des sportifs ayant envie de se lancer dans l’aventure du haut-niveau. En terme de résultats internationaux, l’objectif est de qualifier 2 à 4 bateaux pour les Jeux Paralympiques de Rio et d’y remporter deux médailles. Il faut également dès maintenant penser à former les sportifs qui participeront aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020. A noter les bons résultats des tricolores aux derniers championnats du monde, revenus avec une médaille d’argent pour le duo Perle Bouge/Stéphane Tardieu et le bronze pour Guylaine Marchand/Antoine Jesel !
Impact de l’organisation des Championnats du Monde à Aiguebelette en 2015
L’aviron n’est pas suffisamment médiatisé et c’est un sport qui est encore peu connu du grand public. Nous espérons que ces championnats seront l’occasion de faire connaître nos champions et de susciter de l’engouement, voire des vocations chez les jeunes français, aussi bien valides qu’en handi-aviron. Aiguebelette est un site magnifique, cela vaudra la peine de se déplacer pour venir voir les courses. A noter également que l’enjeu sportif y sera important, puisque c’est lors de ces championnats du monde que les places qualificatives pour les Jeux de Rio seront attribuées.
Fédération Française d’Aviron
Aiguebelette 2015
© Sandra FLAO