EPYG 2019 : Sophie TERNEL, la boss de la boccia tricolore !
Elle a vu la discipline naître en France et depuis 12 ans maintenant, Sophie Ternel est la directrice sportive de la Commission Boccia au sein de la FF Handisport. Elle nous parle de cette discipline qui gagne à être connue !
Qui-etes vous Sophie Ternel ?
Je suis la directrice sportive de la boccia, je suis salariée à la Fédération Française Handisport.
Qu’est-ce que la boccia et quelles en sont les règles ?
Même si je ne suis pas adepte de cette comparaison, je dois bien reconnaître que la boccia a des similitudes avec la pétanque… la pétanque de compétition ! On peut dire que la boccia fait partie de la famille des « sports de boules ». Cette discipline se pratique avec des balles (et non des boules d’ailleurs…) et le principe est effectivement similaire à la pétanque. Elle se pratique sur un terrain de 6m par 12,5m. Pour certaines catégories de handicap, les joueurs font usage d’une rampe.
Les règles sont simples : 6 balles rouges, 6 balles bleues, un jack (la balle blanche). En individuel, cela se joue en 4 manches, le joueur va lancer son jack puis sa première balle rouge. Ensuite l’adversaire va lancer sa première balle bleue. Celui qui a le point garde la main et les comptes se font à la fin de la manche, une fois les 12 balles et le jack sont au sol, on fait le décompte et on enchaîne sur les 3 autres manches. Le vainqueur est celui qui a marqué le plus de points à l’issue des 4 manches. Même principe sur les confrontations par équipe, là où les joueurs peuvent jouer en doublette ou triplette.
La boccia en France ?
Je l’ai quasiment vu arriver… Dans les années 2000, elle est apparue à la FF Handisport sous un format très simple, sans classifications et avec un règlement simplifié afin de permettre un accès plus large à la pratique. Fin 2006, sous la présidence d’André Auberger, une commission dédiée à cette discipline a fait son apparition à la fédération afin de développer ce sport paralympique qui, ne l’oublions pas, est au programme des Jeux depuis 1984 ! Puis avec le concours de 2-3 personnes, on s’est lancé le défi de développer cette discipline en France pour favoriser la pratique sportive pour les personnes présentant des handicaps « sévères ».
À quel public s’adresse la boccia ?
Cette discipline est dédiée aux personnes ayant un « grand handicap », avec une atteinte au niveau des quatre membres, qui sont pour la plupart en fauteuil électrique. Ces publics peuvent d’ailleurs, et c’est je pense ce qui me rend le plus fier, s’exprimer d’une belle manière. Les grands paralysés cérébraux et les myopathes ou les grands tétraplégiques peuvent être valorisés par le biais de cette discipline… pour s’amuser, pour le loisir mais pas que… la performance y a toute sa place ! C’est un sport mixte, intergénérationnel et qui peut vous emmener sur la voie du haut niveau.
Penses-tu que ce sport souffre d’une certaine méconnaissance ?
Tout à fait ! La boccia est complètement méconnue en France et souffre aussi de préjugés il faut bien le dire… mais comme pourrait en souffrir par ailleurs la pétanque j’imagine… Le fait de ne pas connaître occulte complètement la richesse de ce sport et surtout l’exigence que celle-ci réclame ! Personne ne sait, avant d’avoir essayé, que la boccia offre des perspectives de haut niveau, nécessite de la rigueur, du travail, de la préparation.
La classification en boccia ?
Il y a 4 classification dites « paralympiques », c’est-à-dire qui sont au programme des Jeux.
BC1 : Paralysie cérébrale et troubles associés comme la spasticité et l’athétose.
BC2 : Paralysie cérébrale et troubles associés comme la spasticité et l’athétose mais avec un niveau d’atteinte moins sévère.
BC3 : Paralysie cérébrale, tétraplégie et myopathie ou pathologies assimilées avec les troubles qui y sont associés comme la spasticité et l’athétose.
BC4 : Exclut les sportifs atteint de paralysie cérébrale et les pathologies assimilées et regroupe les sportifs atteints de tétraplégie, d’arthrogrypose ou de dystrophie musculaire.
Comment se passe le travail avec les athlètes ?
Tout d’abord, il faut s’adapter au handicap de la personne et à ses capacités physiques. Cette discipline est totalement compatible avec le « grand handicap » et j’ai à cœur de mettre en valeur les capacités de chacun, de travailler autour des possibles et non autour des freins. Je me bats contre le traditionnel « il / elle ne peut pas… ». Pour bien accompagner les athlètes, je prends en compte le handicap, le matériel et le sport : c’est cet équilibre qui favorise la réussite et fait ressortir le meilleur de chaque joueur. J’ai vu émerger et grandir cette discipline. Dans son évolution, on a bien évidemment pris en compte les schémas qui fonctionnaient à l’international mais sans faire du « copier-coller ». J’aime à croire que nous avons un regard, une expertise et un savoir-faire, on apporte la « touche française » qui fait aujourd’hui la différence, surtout au regard de la nouvelle concurrence.
Je travaille aussi beaucoup sur la préparation mentale, sur la confiance. C’est d’ailleurs de plus en plus une demande de la part des joueurs car ils veulent être dans les meilleures dispositions possibles dans les moments cruciaux, le jour J !
Les accompagnants représentent-ils des données supplémentaires à prendre en compte dans la pratique ?
Bien sûr, il faut prendre en compte leur présence car bien souvent ce sont des parents et leur parole fait foi auprès des joueurs. Là encore, c’est une question d’équilibre : il faut tenir son rôle, être parfois diplomate lorsque l’on est confronté à des accompagnants trop présents, il faut aussi gérer de temps en temps les interférences, les émotions, la méconnaissance du milieu du sport, mais cet accompagnement est aussi garant de l’équilibre et de la réussite de nos joueurs. Quoi qu’il en soit, ceci est d’une grande richesse et pour nous, et pour les parents et pour les joueurs… tout le monde trouve sa place en boccia !
Parlez-nous un peu de ces Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse ?
On a un collectif de 4 joueurs, avec des catégories et profils différents. On a bien programmé les jours pré-compétitions pour éviter trop de « temps morts », pour bien respecter les temps de repos mais aussi les dynamiser avec par exemple des quizz d’arbitrage. La mise en route s’est fait progressivement mais j’ai voulu les mettre en mode compétition.
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Crédit photos : G MIRAND / CPSF