Des séances d’escalade pour les déficients auditifs grâce à Club inclusif

Fondé en 2011, le club d’escalade Ty Krapat situé en Bretagne comprend environ 200 adhérents totalement paritaire, de tout âge confondu. Il propose des créneaux loisirs pour enfants et adultes mais aussi un pôle compétition pour les jeunes. Depuis 2 ans, le club dispense la para escalade pour les personnes en situation de handicap physique, mental et sensoriel.

En 2023, le club a participé au programme ESMS&CLUBS, puis a rejoint Club inclusif. Emélie Jan, la présidente, nous raconte son expérience dans l’accueil et l’adaptation de l’escalade pour les déficients auditifs.

CPSF : Comment avez-vous adapté l’escalade aux personnes sourdes et malentendantes ?

Emélie Jan : La première chose est de communiquer avec la personne. Quel que soit le handicap, nous devons chercher ensemble, par tâtonnement avec le grimpeur, quelles astuces nous allons pouvoir mettre en place. Il faut savoir que deux personnes avec le même handicap peuvent très bien avoir besoin d’un accompagnement totalement différent. C’est de l’expérimentation et c’est ça qui est intéressant. Suivant les groupes, nous allons parfois avoir recours à un encadrant pour 6 personnes, en revanche, les personnes en situation de handicap mental bénéficieront d’un coach personnel. Il n’y a que très peu de clubs qui proposent cet accompagnement, et en plus de ça, s’agissant d’un sport à risque, paraissant très impressionnant, les personnes en situation de handicap se disent qu’elles ne peuvent pas venir. Notre premier objectif est justement d’aller les chercher et leur dire que c’est possible : vous pouvez tous grimper !

CPSF : Avez-vous éprouvé certaines difficultés avec ce public ?

E.J. : La première difficulté est tout d’abord d’aller à la rencontre de ce public. Quand on est valide, les personnes en situation de handicap sont un public qu’on ne connaît généralement pas, qu’on ne croise pas. Je suis donc passée par la Fédération Française Handisport ainsi que par le CPSF, qui par son programme Club inclusif m’a été d’une grande aide pour justement rencontrer ce public. La communication est également un enjeu majeur envers le public en situation de handicap auditif, j’apprends moi-même petit à petit à parler la langue des signes. Il faut savoir que la déficience auditive est le seul handicap où on n’adapte pas la pratique au handicap, mais où on adapte le coach au handicap. C’est le coach lui-même qui doit apprendre à communiquer.

CPSF : Qu’est-ce que le programme Club inclusif vous a apporté en ce qui concerne votre expérience de l’accueil des personnes sourdes et malentendantes ?

E.J : Comme dit précédemment, Club inclusif nous a permis d’être en lien avec un réseau, un public, mais nous a également apporté de l’expérience. Il nous a permis de lancer très rapidement des démarches. En seulement 2 mois, nous accueillions déjà un groupe de personnes en situation de handicap. Durant le programme Club inclusif, nous avons énormément appris, et ce à tous les niveaux, notamment via les modules pour les dirigeants de clubs, ou même via les modules dédiés aux coachs. D’ailleurs durant ce module, plusieurs clubs présents n’avaient jamais encadré de pratique parasportive, et ça a justement été l’occasion d’en apprendre énormément autant sur le plan théorique que pratique.

CPSF : Auriez-vous un message à faire passer aux clubs encore réticents à devenir para accueillant ?

E.J : Je comprends tout à fait que des gens soient réticents à l’idée d’accueillir des personnes en situation de handicap, quand on ne connait pas, on a peur de l’inconnu et c’est tout à fait normal. Ce qu’il faut, c’est essayer, se faire accompagner, et vous verrez : c’est très amusant et surtout, c’est accessible ! De plus, pour les coachs qui ont des envies de performance, c’est tout à fait possible avec le parasport, c’est même parfois plus accessible au vu du nombre réduit d’athlètes parasportifs.

Pour en savoir plus sur le programme Club inclusif, rendez-vous sur le site officiel.