22 octobre 2014

Conseil des Athlètes de l’IPC, Arnaud Assoumani témoigne

Champion Paralympique à la longueur en 2008 à Pékin et double champion du Monde (2006, 2011), Arnaud Assoumani a été élu aux Conseil des Athlètes du Comité Paralympique International (IPC). Il nous raconte…

Depuis quand fais-tu partie du Conseil des athlètes IPC et comment se compose-t-il ?
Afin de rendre au sport ce qu’il m‘offre, j’ai décidé de m’investir dans ses instances représentatives et j’ai été élu au Conseil des athlètes de l’IPC par les sportifs paralympiques lors des Jeux de Londres pour une durée de quatre ans. Le Conseil des Athlètes se compose au total de 9 sportifs (6 étant issus des Jeux d’Eté et 3 des Jeux d’Hiver) et représente la voix des sportifs  paralympiques du monde entier.

conseil des athlètesQuelle a été ta motivation pour te présenter ?
Le but pour moi en tant que membre du Conseil des Athlètes est de représenter les sportifs. Il faut leur transmettre les informations essentielles que l’IPC nous communique, tout en faisant remonter leurs opinions et leurs demandes. Cette communication est vraiment fondamentale. Avant de me porter candidat pour devenir membre du Conseil des Athlètes, je ne savais pas exactement ce qu’il représentait mais maintenant que j’y siège, je me rends compte à quel point il est important de pouvoir faire le lien entre les athlètes et le Comité International Paralympique. Le retour des athlètes y est attendu et je peux dire qu’il est assez rare que des institutions dirigeantes soient demandeuses pour savoir ce que pensent les personnes actrices du mouvement qu’elles dirigent. Souvent, le Comité Exécutif et les athlètes sont chacun de leur côté à gérer leurs problématiques “personnelles”. L’objectif est donc de créer une véritable passerelle entre élus et sportifs afin que le dialogue puisse s’instaurer de façon fluide et régulière. Les athlètes sont les acteurs qui font vivre les Jeux Paralympiques et de nombreux Championnats Internationaux. Il est donc essentiel que nous soyons écoutés dans les décisions prises par le Comité Exécutif de l’IPC pour que l’ensemble du mouvement paralympique évolue, progresse et porte au plus haut les valeurs que nous défendons et qui nous animent.

Combien y-a-t-il de regroupements par an et quels sont les principaux thèmes abordés ?
Nous nous réunissons à raison de deux fois par an, réunions auxquelles s’ajoutent des conférences téléphoniques et des communications régulières entre membres du Conseil des Athlètes. Les thèmes abordés sont très variés. Actuellement nous nous concentrons sur le nouveau code de classification qui entrera en vigueur en janvier 2017. Nous avons jusqu’au 30 octobre 2014, puis dans un deuxième temps entre février et avril 2015, pour faire remonter toutes nos remarques ainsi que nos corrections.

ASSOUMANI Arnaud ©B-Loyseau 27

Nous travaillons aussi sur les rencontres avec les athlètes au cours des différents championnats de l’année, afin de les sensibiliser sur notre rôle, et l’importance de nous faire remonter les sujets qu’ils souhaiteraient voir résolus ou améliorés. D’autres thèmes sont abordés comme l’antidopage, l’amélioration du système de suivi des athlètes, la place des femmes dans le monde paralympique (comment augmenter le nombre de sportives féminines), comment améliorer les conditions de compétition… Nous pouvons par exemple leur présenter des programmes visant à les accompagner dans leur reconversion professionnelle comme celui mis en œuvre par le groupe Adecco suite à la signature d’une convention de mécénat de compétences avec le Comité Paralympique et Sportif Français. Nous travaillons également sur le rapprochement avec les fédérations internationales, qui organisent les championnats majeurs de la quasi-totalité des sports. Lorsque nous pensons « Jeux Paralympiques », nous avons tous plus ou moins à l’esprit que c’est le Comité International Paralympique qui gère l’intégralité des sports. Mais il s’avère qu’en dehors des Jeux Paralympiques, ce sont les fédérations internationales comme par exemple la fédération internationale de tennis de table qui s’occupe d’organiser les différentes compétitions. Le message que nous voulons faire passer aux athlètes, aux fédérations internationales ainsi qu’aux comités nationaux est de s’organiser et de créer leur propre conseil des athlètes, afin d’améliorer la communication et d’être entendus. Des problématiques beaucoup plus spécifiques par discipline sportive sont également abordées. Nous veillons à constamment échanger avec la commission des athlètes olympiques. Par exemple, Claudia Bokel (Présidente du Conseil des Athlètes olympiques) est présente à chacune de nos réunions tout comme Todd Nicholson, Président de notre conseil qui l’est également pour toutes les réunions de la Commission des Athlètes olympiques. D’une manière générale et pour résumer, il est très important d’avoir un dialogue constant car cela permet d’être plus créatif et productif pour les athlètes. Chaque parcours est intéressant et chaque expérience apporte à l’autre. Nous nous plaignons assez souvent que nous ne sommes pas assez représentés au niveau des instances internationales. Tony Estanguet (membre du Conseil des Athlètes olympiques et du CIO) et moi-même avons la chance et l’opportunité de pouvoir améliorer les choses et que notre parole soit entendue pour permettre des réalisations concrètes en faveur des sportifs et du mouvement sportif. Saisissons donc cette opportunité!

En plus d’une liaison entre le comité exécutif de l’IPC et les sportifs paralympiques, les membres du Conseil des Athlètes travaillent pour apporter une contribution efficace aux décisions de l’IPC à tous les niveaux.

Best of ©B-Loyseau 030

Cela fait maintenant 2 ans que tu fais partie du Conseil des Athlètes de l’IPC, quel bilan peux-tu faire ?
Les deux premières années étaient une prise de repères. Cela peut paraître un peu long, mais il y a une période d’adaptation pour tous les nouveaux membres arrivant au Conseil des Athlètes. Je ne considère pas « faire de la politique », mais des organes comme les Comités Internationaux Olympique et Paralympique sont des institutions politiques. Il faut donc pouvoir comprendre ses règles, ses codes et son fonctionnement afin de faire passer les messages des athlètes. Il y a beaucoup de travail, c’est passionnant, et nous pourrions nous rencontrer entre membres beaucoup plus que deux fois par an sans manquer de travail. Seulement nous sommes tous bénévoles avec nos différentes vies professionnelles et personnelles. Certains membres, comme Elvira Stinissen, Thereza Perales ou moi-même sommes encore en carrière et d’autres comme Tim Prendergast sont de jeunes sportifs retraités avec un travail à gérer. Le bilan de ces deux premières années est que les athlètes, à travers son conseil, sont de plus en plus écoutés. Il y a encore des choses à améliorer (et il y en aura toujours), seulement nous avons de plus en plus l’opportunité de rencontrer et d’échanger avec les différents départements de l’IPC (sport et sciences, classification, développement du mouvement paralympique…). Ces échanges sont pour moi essentiels car ce lien entre «ceux qui fixent les règles» et «ceux qui doivent les appliquer», permet la prise de conscience des problématiques communes de chacun, de ne pas rester dans son coin et de pouvoir avancer.  Au niveau national, nous sommes beaucoup plus proches avec le Comité Paralympique et Sportif Français, ce qui permet également de pouvoir être plus productifs.

IMK37916Quels sont vos objectifs jusqu’à RIO 2016 ? 
Je dirais que les objectifs pour Rio et au de-là sont assez simples : le lien entre les athlètes et le conseil les représentant doit être plus fort car ils sont encore trop peu à savoir qui nous sommes et quel est notre rôle. Certains croient souvent que nous sommes des politiciens: «Hé, nous sommes athlètes comme vous! La seule différence est que nous avons plus de responsabilités.» Nous allons être de plus en plus présents sur les différents championnats et lors des grands rendez-vous sportifs pour créer un point de rencontre entre athlètes.

Nous devons améliorer le transfert d’informations à destination des sportifs et les moyens de communication (réseaux sociaux…). Nous allons d’ailleurs créer prochainement une newsletter pour les athlètes et pour ma part, j’enverrai plus de mails aux sportifs pour leur transmettre les infos importantes, leur demander leurs avis et avoir leurs retours sur différents sujets. D’une manière générale nous voulons tout simplement améliorer la qualité des compétitions, l’équité et le «bien vivre» lorsqu’on est athlèteJe comprends et nous comprenons les enjeux du Comité International Paralympique, que ce soit sur l’amélioration de la lisibilité des grands évènements comme les Jeux Paralympiques pour le public ou alors sur l’augmentation de la visibilité avec aujourd’hui de plus en plus de diffusions sur les chaines du monde entier. Notre rôle en tant que représentants des athlètes est justement de représenter l’intérêt des sportifs, au cœur du dispositif.
Comme le répète assez régulièrement Sir Philip CRAVEN, Président de l’IPC « sans les athlètes, il n’y aurait pas de Jeux ».  

Un message à faire passer aux sportifs ?
N’hésitez vraiment pas à nous contacter pour vous faire entendre, nous avons besoin de membres dans les différents conseils des athlètes qui se développent au sein des fédérations internationalesFaites nous remonter les soucis que vous rencontrez, les points à améliorer ainsi que les solutions que vous préconisez. 

Vous pouvez également vous inscrire sur le groupe facebook «le para athlète club», pour poser des questions ou demander l’avis d’autres athlètes.  
L’adresse email pour nous contacter : athletescouncil@paralympic.org (en anglais de préférence) et mon contact direct : arnaud.assoumani@orange.fr  

ASSOUMANI Arnaud ©B-Loyseau 14

ASSOUMANI Arnaud ©B-Loyseau 14© B-Loyseau/IPC