26 juin 2019

Bertrand Sebire / Quentin Schille, entraîneurs FFSA

À l’occasion des EPYG 2019, France Paralympique a rencontré Quentin Schille (responsable pôle France para athlétisme adapté) & Bertrand Sebire (entraîneur para natation adaptée).

Bertrand, Quentin, qui êtes-vous et quel est votre rôle à la FFSA ?

QS : Je suis Quentin Schille, responsable du pôle France athlétisme à la FFSA depuis 2017. J’assure la coordination sportive ainsi que le suivi des athlètes. Nous avons 24 athlètes qui sont inscrits au pôle France répartis dans toute la France ; ils s’entraînent entre 5 et 7 fois par semaine dans le club et nous les réunissons tous les mois pour des stages nationaux au CREPS de Reims.

BS : Je m’appelle Bertrand Sebire, j’ai intégré la FFSA en 2004 ; je suis l’entraîneur national de la natation FFSA depuis 2010 et suis en poste à plein temps depuis 2012. Mon rôle est de préparer les équipes pour les différentes échéances internationales qui vont des Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse jusqu’aux Jeux Paralympiques.

La politique Jeunes est-elle un enjeu majeur pour la FF Sport adapté ? Pouvez-vous nous parler de la détection puis de l’accompagnement des athlètes ?

QS : Nous avons la chance d’avoir un maillage territorial fort avec des évènements récurrents qui permettent de faire émerger des profils. Nos entraîneurs nationaux se déplacent sur ces rendez-vous ; nos ligues et comités sont également là pour identifier de nouveaux profils. Une fois repérés, ces sportifs sont réunis au CREPS de Reims pour un stage de détection de deux jours (stage qui a lieu une fois par an). Ce stage est l’occasion d’entamer un échange, de mieux connaitre ces jeunes, d’appréhender leur environnement social et professionnel et bien sûr de les accompagner dans une pratique régulière et encadrée. Une fois ce stage passé, on donne rendez-vous aux sportifs l’année d’après sur un championnat de France d’athlétisme afin, entre autres, de faire un point sur leur évolution et d’envisager pourquoi pas, en lien avec les entraîneurs et les critères que ceux-ci ont défini, une intégration en pôle France.

BS : Le problème n’est pas vraiment de détecter des profils mais plutôt de les orienter sur une pratique adaptée ; notre offre est conséquente, partout en France mais il est parfois compliqué d’engager un athlète sur une seule discipline et donc de se concentrer sur un projet sportif unique.

La démarche de détection est particulière sur la natation puisque nous ne détectons pas un sportif mais un « couple ». En effet, la réussite d’un athlète est également liée à sa relation avec son entraîneur. Il s’agit donc de former et d’amener des moyens à l’entraîneur pour obtenir des résultats significatifs. C’est par le biais de ces entraîneurs que les athlètes progressent significativement. Pour nous, le projet sportif n’a de sens que s’il y a du lien entre l’entraîneur du club, le pôle France de référence et que si ceux-ci s’encrent dans le projet fédéral dans son ensemble. Par expérience, l’émergence, le perfectionnement et l’accompagnement des sportifs ne sont efficients que si ce lien entre les acteurs se fait.

Le suivi des athlètes se résume-t-il uniquement à l’accompagnement sportif ?

QS : Le sport est au cœur du projet mais il faut trouver un équilibre et un accompagnement à tous les niveaux : vie personnelle, vie professionnelle, projet sportif. Il s’agit là d’un suivi général afin de mettre les athlètes dans les meilleures conditions possibles pour favoriser la réussite de leur projet sportif. Tout est une question d’équilibre, et plus encore au regard des spécificités liées au handicap de ces publics.

BS : Effectivement, le schéma est relativement classique à la différence près que le milieu dans lequel évoluent ces sportifs n’est pas toujours acculturé aux enjeux du sport de haut niveau. Cela nécessite donc une plus grande pédagogie, une meilleure information auprès des familles, des employeurs, des instituts. On parle souvent de déficit ou de manque, là dans le cadre d’un projet de performance, il nous faut prendre la tendance inverse et justifier que la réussite, le succès d’un sportif passe par un certain nombre de contraintes et d’efforts supplémentaires. C’est une démarche très positive en réalité !

En compétition, les athlètes de la FFSA sont rattachés à deux fédérations internationales distinctes. Pouvez-vous nous en dire plus ?

BS : Effectivement, la fédération internationale de rattachement pour les athlètes déficients mentaux est l’INAS mais du fait de la réintégration de ceux-ci dans le programme paralympique, ils sont également éligibles sur les compétitions de l’IPC . Une donnée spécifique qui joue sur la stratégie fédérale mais aussi sur la logistique car le calendrier se démultiplie. Sur la natation par exemple, notre groupe est bien plus important sur les épreuves INAS que sur les épreuves IPC donc il nous faut faire des choix stratégiques dans une optique de performance et de médailles. Cet été, nous aurons les championnats du Monde IPC à Londres et Les Global Games INAS cinq semaines plus tard à Brisbane (Australie). Je vous laisse imaginer combien cela peut-être fatiguant pour les athlètes, avec en plus un retour sur investissement qui n’est pas toujours là.

QS : Les stratégies de préparation sont différentes car les calendriers sont différents, ce ne sont pas les mêmes athlètes qui sont engagés sur les épreuves. Côté INAS, toutes les épreuves en athlétisme adapté sont représentées ce qui n’est pas le cas pour les épreuves IPC. Contrairement à la natation, nous aurons les Global Games en Australie avant les Championnats du Monde à Dubaï (fin novembre) donc il nous faut prioriser et inscrire sur les compétitions IPC des athlètes qui sont sélectionnables pour les Jeux Paralympiques.  

2012, l’année de la réintégration des sportifs déficients mentaux aux Jeux Paralympiques, quelles conséquences pour le mouvement et la fédération ?

BS : J’ai vécu cette période de réintégration, période très intéressante d’ailleurs qui a effectivement tout changé pour notre mouvement. Finalement la notion de haut niveau à la FFSA est assez récente et nous avons été confrontés à une ouverture internationale et donc à une ouverture de la concurrence. Nous avons vu apparaître une nouvelle concurrence, de nouveaux pays et le niveau a significativement évolué.

Cela a donc impliqué une totale remise en question de notre façon de travailler, de notre stratégie afin de répondre aux nouveaux enjeux. Nous nous sommes structurés, nous avons étoffé des filières de préparation en vue notamment de la détection, de la formation des jeunes mais aussi pour assurer le niveau de la France à l’international.

EPYG 2019 : Un collectif composé de 4 nageurs et 2 athlètes. Quel sont les attentes et enjeux pour la FFSA sur cette compétition ?

BS : Cette compétition est pour nous un tremplin pour ensuite participer aux Global Games. Nous savons que s’ils sont performants sur les Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse ils pourront ensuite prétendre à de bonnes choses sur les Global Games. On attend des podiums sur la natation à ceci près que nous n’avons à ce jour par les startlists donc une vraie inconnue sur la concurrence. Quoi qu’il en soit, cet évènement sera forcément formateur pour nos jeunes sur le plan sportif bien sûr mais également pour l’ « acclimatation » dans un collectif. En effet, nos athlètes vivent ici en contact permanent avec des jeunes issus d’autres fédérations avec des pathologies différentes. Cette diversité est une richesse pour nos jeunes et je sens déjà qu’une vraie cohésion est en train de se créer. J’aime à croire que ce schéma est à reporter au quotidien ; que nos sportifs puissent être au contact d’autres disciplines, d’autres types de handicap dans le cadre de leur entraînement quotidien est une vraie force !

QS : Pour nos deux athlètes, l’objectif est d’avoir une première expérience à l’international sur une compétition paralympique. Béatrice Aoustin obtient ici sa première sélection en équipe de France donc l’enjeu est vraiment de pouvoir engendrer de l’expérience, notamment en vue des Championnat du Monde Junior à Nottwil (Suisse) qui se tiendront dans un mois et demi. Mais on souhaite aussi performer bien sûr !

Plus d’informations sur le site internet de la FF Sport Adapté

Crédit photos : G MIRAND / CPSF